Pour réussir ses examens imminents, Camille (*) s’apprête à tester une nouvelle technique : ne pas dormir du tout, et enchaîner, au fil de la journée, des siestes d’une heure. Ses partiels se déroulent de nuit, sur le fuseau horaire chinois, et la jeune fille de bientôt 22 ans a déjà expérimenté une panne de réveil au semestre précédent. «Malgré ma dizaine d’alarmes à une heure du matin, mon corps était trop épuisé pour se lever, souffle-t-elle. En fait, le plus dur c’est de ne pas s’endormir… parce que si tu dors, tu prends un risque.» Camille est inscrite à la formation CESEM, un double diplôme entre Neoma Business School et l’UIBE (University of International Business and Economics) de Pékin. Son cursus, qui lui permet de valider une double licence, implique de passer ses deux premières années en France, et les trois suivantes en Chine. Sauf que depuis janvier 2020, le début de la pandémie de Covid-19 et la fermeture totale des frontières chinoises, Camille n’a jamais pu s’y rendre et suit ses cours sur Zoom. Parfois de nuit.
Double vie
Son cas n’est pas isolé. En 2020, le ministère chinois de l’Education recensait 4 500 étudiants français inscrits dans des facultés chinoises. A quelques exceptions près, tous sont rentrés en Europe et attendent depuis un signe positif de Pékin pour pouvoir y retourner. C’est le cas de Samuel (*), qui s’estime «chanceux d’avoir passé un moment en Chine», même si celui-ci fut bref. Inscrit dans un cursus de sciences informatiques