Le 23 de la rue Bait Rashbam, à Bnei Brak, principale ville ultraorthodoxe d’Israël, est une adresse célèbre, bien qu’on y trouve seulement une vieille maison modeste qui n’a pas été rénovée depuis longtemps. Il y flotte un air de dévotion religieuse du monde d’avant, celui des ghettos d’Europe de l’Est, malgré la proximité de Tel-Aviv la survoltée. S’y pressent des personnalités ou de simples quidams, pour obtenir une bénédiction de réussite du rabbin Haïm Kanievsky, 92 ans. Barbe et cheveux de neige, constamment versé dans l’étude des textes sacrés, il est devenu une figure patriarcale vénérée. A l’occasion, un politicien se présente à sa porte ; une photo avec le rabbin peut être utile en période de campagne électorale.
Psychodrame permanent
Mais il ne faut pas s’y tromper. Derrière son austérité, se joue dans cette maison une bonne part du psychodrame permanent qu’est devenue la politique israélienne, incapable depuis deux ans de conserver un gouvernement plus d’une dizaine de mois. A la faveur de l’épidémie du Covid, la voix du rabbin Haïm Kanievsky est sortie de son ghetto pour résonner dans toute la société israélienne. En avril 2020, il a refusé de fermer les écoles et les yeshiva (centres d’études juives), dans une rébellion exceptionnelle contre les restrictions du ministère de la Santé, qui aura des répercussions sur le résultat des élections. Puis, alors que le pays se confinait,