Un nouveau rebondissement dans la tentaculaire saga judiciaire Assange. Le fondateur de WikiLeaks a remporté ce lundi 20 mai une victoire dans sa longue bataille judiciaire : la justice britannique lui a accordé la possibilité d’un nouvel appel pour contester son extradition vers les Etats-Unis. Cette audience était cruciale après cinq ans d’un combat judiciaire érigé en symbole du combat pour la liberté d’informer par les soutiens de l’Australien de 52 ans, arrêté par la police britannique en avril 2019 après sept ans passés dans l’ambassade d’Equateur à Londres.
Plus tôt, ses proches avaient prévenu qu’il risquait d’être rapidement extradé si sa demande de recours échouait. «Ce jour marque un tournant», s’est ainsi réjoui l’épouse de Julian Assange, Stella, devant le tribunal. Julian Assange, considérablement affaibli selon ses proches, n’était pas présent à l’audience qui se tenait à la Royal Court of Justice à Londres, «pour des raisons de santé», a précisé son avocat Edward Fitzgerald.
Poursuivi pour avoir rendu publics à partir de 2010 plus de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan, le fondateur de WikiLeaks encourt aux Etats-Unis jusqu’à 175 ans de prison. Parmi ces documents figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l’agence Reuters, tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.
Des garanties sur le premier amendement jugées insuffisantes
Après de multiples rebondissements judiciaires, fin mars, deux juges de la Haute Cour de Londres, Victoria Sharp et Jeremy Johnson, avaient demandé aux Etats-Unis de nouvelles garanties sur le traitement qui serait réservé dans ce pays à Julian Assange, avant de se prononcer sur la demande du fondateur de WikiLeaks d’obtenir un nouvel appel contre son extradition. Ils ont entendu ce lundi les parties débattre de la réponse des autorités américaines. La défense de Julian Assange a accepté la garantie apportée par les Etats-Unis que l’Australien ne serait pas condamné à la peine de mort. Les États-Unis ont fourni une «promesse sans ambiguïté de ne pas inculper d’infraction passible de la peine capitale», a expliqué Edward Fitzgerald dans des conclusions écrites.
Chronologie
Les débats ont principalement porté sur le premier amendement de la Constitution américaine, qui protège la liberté d’expression, et la possibilité pour Julian Assange d’en bénéficier en cas d’extradition. Edward Fitzgerald s’est inquiété que cet amendement ne s’applique pas à son client, celui-ci n’étant pas Américain. «Il n’y a aucune garantie qu’il puisse s’appuyer sur le premier amendement», a-t-il affirmé. «Il y a un risque réel de discrimination», a ajouté l’avocat. James Lewis, l’avocat représentant le gouvernement des Etats-Unis, a quant à lui affirmé qu’en cas d’extradition, Julian Assange aurait «droit à toute la panoplie des droits de la défense, y compris le droit d’invoquer et de chercher à invoquer le premier amendement comme moyen de défense». Les garanties avancées par les Etats-Unis n’ont toutefois pas réussi à convaincre les juges britanniques.