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Choc

La Côte-d’Ivoire s’indigne après la diffusion d’un viol mimé à la télé

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Violences sexuellesdossier
Après la diffusion d’une séquence écœurante sur le viol dans une émission de divertissement ivoirienne, la colère ne faiblit pas : celle des mouvements féministes de plus en plus actifs dans le pays mais aussi de la population en général.
Manifestation à Abidjan, le 1er septembre. (Sia Kambou/AFP)
publié le 2 septembre 2021 à 20h28

«Tu les choisis comment ? Minces, costaudes, avec des fesses ?» «Peu importe, ce que je trouve devant moi.» «Quand elle est couchée comme ça par exemple, comment tu fais ?» Pendant plus de deux minutes, une éternité d’obscénité, le présentateur vedette Yves de Mbella s’enquiert de détails sur le mode opératoire de son invité, Kader Traoré, présenté comme un violeur repenti. Sur une estrade installée dans le studio de télévision, ce dernier est appelé à mimer une agression sexuelle sur un mannequin en plastique. «Je bloque comme ça», explique-t-il, accroupi, sous les rires de l’animateur qui multiplie les questions indécentes. Cette séquence hallucinante, tirée de l’émission Télé d’Ici Vacances, diffusée le lundi 30 août à 19 heures sur la chaîne privée ivoirienne NCI, a provoqué une vague d’indignation sans précédent à Abidjan.

Ni le communiqué de contrition de la NCI qui a reconnu «une faute grave et regrettable» et stoppé l’émission dont le dernier numéro était programmé le 3 septembre, ni les excuses de l’animateur, suspendu de l’antenne pendant trente jours et condamné à douze mois de prison avec sursis (24 mois ferme pour Kader Traoré), n’auront éteint la polémique. L’émission continue aujourd’hui d’alimenter des tribunes d’intellectuels, des articles de presse et des posts sur les réseaux sociaux. «Cela fait longtemps que notre pays roule sans frein et a fait sauter les digues morales et éthiques. Où allons-nous et où espérons-nous arriver