Elles ont moins de 30 ans et n’ont connu, pour l’essentiel, le premier joug des talibans entre 1996 et 2001 qu’à travers les récits de leurs parents. Mais en moins de quinze jours, ces trois jeunes Afghanes ont vu le fondamentalisme musulman reprendre la main sur leur pays. Et déjà mettre leurs vies en coupe réglée. Pour Libération, elles témoignent de cette nouvelle réalité qui s’impose à elles et de leur crainte de voir la situation empirer. Des entretiens réalisés par téléphone avant l’attentat de l’aéroport de Kaboul.
«C’est un mariage arrangé, certes, mais c’était la décision à prendre»
Sa photo de profil sur WhatsApp est celle d’un homme à lunettes affairé derrière un ordinateur. Au bout du fil, pourtant, une voix de femme. Khatara (1) rit et explique la méprise. Il s’agit du numéro de téléphone de son fiancé. On la félicite, on lui demande depuis quand elle a été demandée en mariage. «Depuis une semaine, répond-elle d’un ton détaché. Avec l’arrivée des talibans, pour éviter tout mariage forcé, il me fallait la protection d’un homme. Ma famille et moi avons donc convenu qu’il était temps que je me fiance. Ce sont mes parents qui m’ont trouvé un fiancé, c’est un proche de proche. C’est quelqu’un de bien. Il travaillait pour l’Etat à Kaboul. Il a dû fuir dès la chute de la ville. C’est un mariage arrangé, certes, mais c’était la décision à pren