Deux tours géantes, des jardins impeccables et près d’une centaine de boutiques haut de gamme… Le M3M International Financial Center est l’un des tout derniers centres commerciaux de Gurugram, banlieue chic au sud-ouest de New Delhi. Tout autour, des sites de construction soulèvent des nuages de poussière : la ville est un chantier permanent.
«La première fois que je suis venu à Gurugram, en 1999, il n’y avait que des champs. Aujourd’hui, l’horizon est caché par les gratte-ciel», raconte Ankur, promoteur immobilier d’une quarantaine d’années au costume coupé à l’italienne, qui fume une cigarette avec deux collègues. En une génération, la ville est passée d’une centaine de milliers d’habitants à plus de 2 millions.
Sur cette croissance fulgurante se sont bâties d’immenses fortunes. «A Gurugram, on double sa mise. Regardez mon ami, avec sa montre en or et ses diamants aux oreilles, vous comprendrez pourquoi tout le monde veut investir ici», poursuit Ankur en désignant son collaborateur qui parle de la ville comme d’un «eldorado». Gurugram est assurément un terrain de jeu pour promoteurs.
«La ville constitue le premier modèle de développement urbain du pays géré par le secteur privé», rappelle Shubhra Gururani, professeure en urbanisme à l’université de York (Canada). Elle a mené plusieurs recherches sur l’évolution de la ville. A partir de 1985, quand l’Inde libéralise son économie, Delhi arrive à saturation. Les promoteurs voient alors dans Gurugram u