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Libération
Hécatombe

L’année 2023 a été la plus meurtrière depuis dix ans pour les migrants

Migrants, réfugiés... face à l'exodedossier
Plus de 8 500 personnes sont mortes sur les routes migratoires en 2023, annonce ce mercredi 6 mars l’Organisation internationale pour les migrations. Un chiffre largement sous-estimé à cause de la difficulté à collecter de données.
Des migrants au large de Douvres, en Angleterre, ce mercredi. (Dan Kitwood /AFP)
publié le 6 mars 2024 à 16h46

Au moins 8 565 personnes sont mortes sur les routes de la migration dans le monde en 2023, ce qui en fait l’année la plus meurtrière de la décennie, annonce ce mercredi 6 mars l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). «Le nombre des morts en 2023 représente une augmentation tragique de 20 % par rapport à celui de 2022, ce qui souligne le besoin urgent d’agir pour éviter de nouvelles pertes de vies humaines», affirme cette agence de l’ONU dans un communiqué.

La moitié des décès causés par des noyades

Le nombre total de morts de l’année dernière dépasse le précédent record établi en 2016, lorsque 8 084 migrants étaient décédés sur les routes. L’OIM souligne que les voies migratoires sûres et légales restent peu nombreuses, ce qui pousse des centaines de milliers de personnes chaque année à tenter leur chance dans des conditions dangereuses. La traversée de la Méditerranée reste la route la plus meurtrière pour les migrants, avec au moins 3 129 décès et disparitions enregistrés l’an dernier. Un peu plus de la moitié des décès de 2023 sont dus à des noyades, 9% à des accidents de voiture et 7% à des actes de violence.

Le projet Missing Migrants de l’OIM, créé en 2014, est une banque de données en libre accès qui recense les décès et disparitions de migrants. Depuis sa mise en œuvre, plus de 63 000 cas ont été répertoriés dans le monde, mais le nombre réel est beaucoup plus élevé.

Les migrants étant incités à employer des routes parfois très isolées pour échapper aux autorités, la collecte de données fiables est d’autant plus difficile. «Alors que nous commémorons les 10 ans du projet Missing Migrants, nous nous souvenons d’abord de toutes ces vies perdues», souligne la directrice générale adjointe de l’OIM, Ugochi Daniels, citée dans le communiqué. «Chacune d’entre elles est une terrible tragédie humaine qui se répercute sur les familles et les communautés pendant des années», a-t-elle souligné.

«Ces chiffres horribles collectés par le Missing Migrants Project nous rappellent également que nous devons réaffirmer notre engagement à agir davantage pour garantir une migration sûre pour tous, afin que dans dix ans, les gens n’aient pas à risquer leur vie à la recherche d’un meilleur avenir», martelle-t-elle encore. Parmi les causes qui poussent les populations à migrer, le changement climatique constitue un facteur de plus en plus puissant. Selon la Banque mondiale, quelque 216 millions de personnes dans le monde en développement pourraient migrer à l’intérieur de leur pays d’ici à 2050. De quoi faire tragiquement augmenter le nombre de décès liés aux migrations.