L’offensive des troupes ukrainiennes en Russie, dans la région de Koursk, n’y change rien : l’armée russe continue de progresser dans le Donbass, dans l’Est ukrainien. Ses troupes lancent chaque jour des dizaines d’attaques dans les directions de Lyman, Siversk, Kramatorsk, Toretsk, Pokrovsk et Vouhledar. Il n’y a pas de percée mais des avancées régulières, centaines de mètres par centaines de mètres. «L’objectif de l’ennemi [en attaquant la région russe de Koursk] était de nous rendre nerveux et agités pour redéployer nos troupes d’une zone à l’autre et stopper notre offensive dans des zones clés, en particulier dans le Donbass, a déclaré ce jeudi 5 septembre le président russe, Vladimir Poutine. [La tactique ukrainienne] a-t-elle fonctionné ? Non ! Au contraire […], l’ennemi s’est affaibli dans des zones clés et nos troupes ont accéléré les opérations offensives.» La présidence ukrainienne n’a pas démenti. Le 28 août, Volodymyr Zelensky avait reconnu que la situation était «extrêmement difficile» à proximité de Pokrovsk.
Reportage
Les soldats russes ne sont désormais plus qu’à 8 kilomètres de la ville, dont la gare s’était imposée comme un lieu de transit pour une partie des habitants du Donbass qui fuyaient les combats. Elle servait également de base arrière aux ONG actives dans la région. Désormais, ce sont ses habitants qui doivent fuir.
Le spectre de mi-septembre
Pour la seule journée du 3 septembre, le centre de réflexion ukrainien Center for Defence Strategies a dénombré 61 assauts russes depuis des positions situées à l’est et au sud-est de la ville. La plupart d’entre eux sont lancés par des groupes d’infanterie de trois à six soldats, soutenus par des drones de reconnaissance, mais le plus souvent sans blindés pour les protéger. «Sans sécuriser Selydove, l’ennemi ne pourra pas poursuivre son offensive vers Pokrovsk, mais il continuera à attaquer pour tenter de percer la ligne défensive le long des rivières Zhuravka et Kazennyi Torets», indique le Center for Defence Strategies, pour qui l’armée russe pourrait atteindre la ville à la mi-septembre, mais sans être en mesure de la prendre en raison du terrain plat qui permet des contre-offensives.
Les troupes de Moscou s’approchent également de la ville minière de Vouhledar, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Pokrovsk. Elles l’attaquent depuis l’est, l’ouest et le sud. «Plusieurs blogueurs militaires russes ont affirmé que les forces russes avaient intensifié les frappes d’artillerie contre Vulehdar, mais ont fait valoir qu’elles ne devraient pas mener d’assaut frontal dans la région, étant donné qu’elles avaient déjà mené des assauts infructueux dans la région en 2023», précise le centre de réflexion Institute for the Study of War (ISW).
Lancée le 6 août, l’offensive ukrainienne dans la région russe de Koursk se poursuit. Elle ne bénéficie plus de l’effet de surprise des premiers jours qui avait permis à l’armée ukrainienne de progresser rapidement jusqu’à s’emparer de 1 150 à 1 300 km² de territoire, selon l’ISW. Elle ne recule pas pour autant, engrangeant encore des «avancées marginales», selon la même source. Lundi 2 septembre, à rebours des déclarations officielles des responsables russes qui tentaient de minimiser les succès ukrainiens, Poutine a assuré qu’il fallait «s’occuper de ces bandits qui ont pénétré sur le territoire de la Russie […] et qui tentent de déstabiliser la situation dans les territoires frontaliers dans leur ensemble». Mais «sa priorité numéro 1» reste de conquérir l’ensemble du Donbass.