Sergueï Lavrov, sinistre diplomate
Il a vu défiler sept secrétaires d’Etat américains, neuf ministres français des Affaires étrangères et autant de Britanniques. En poste depuis dix-huit ans, après dix comme ambassadeur à l’ONU, Sergueï Lavrov incarne la continuité d’un pouvoir affranchi de toute alternance politique. De cette longévité au sommet de la politique étrangère russe, ce diplomate de carrière a tiré une parfaite maîtrise des dossiers internationaux et des arcanes où ils se discutent. Elégant septuagénaire aux costumes sur mesure, amateur de whisky davantage que de vodka, il a laissé à ceux qui l’ont côtoyé le souvenir d’un négociateur brillant, parfois charmeur, souvent brutal.
Capable selon un diplomate de «défendre la politique étrangère la plus sinistre de la manière la plus civilisée qui soit», comme sur la Syrie, Lavrov partage avec Poutine le dégoût de «l’arrogance» occidentale, le désir d’un renouveau russe et une perpétuelle duplicité. En 2008, en pleine crise géorgienne, Sarkozy, excédé, l’agrippe par la veste et le traite de «