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Le général Jacques Langlade de Montgros nommé à la tête de la Direction du renseignement militaire

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
L’officier remplace le général Eric Vidaud, remercié fin mars. Le manque d’anticipation de la menace russe en Ukraine par les services de renseignement français était alors mis en avant pour justifier un départ bruyant.
Le général Jacques Langlade de Montgros, le 3 février à Bangui en République centrafricaine. (Carol Valade/AFP)
publié le 14 avril 2022 à 11h21

La nouvelle avait chahuté la communauté militaire, peu habituée à connaître de tels remous, encore moins en pleine crise internationale. Fin mars, l’Opinion révélait l’éviction du général Eric Vidaud à la tête du Direction du renseignement militaire (DRM). Après un mercato de généraux, son successeur a été désigné mercredi, lors du Conseil des ministres. Le général Jacques Langlade de Montgros prend donc la tête de la DRM, le service de renseignement des armées. Dévoilée par le Point, l’information a été confirmée par l’AFP.

Saint-Cyrien (promotion Général-Delestraint, 1988-1991), Jacques Langlade de Montgros, 53 ans, a commandé de 2010 à 2012 le 1er régiment de hussards parachutistes basé à Tarbes (Hautes-Pyrénées). Désormais général de corps d’armée, il a également dirigé de 2019 à 2021 la 11e brigade parachutiste à Toulouse. Il a ensuite dirigé la mission de l’Union européenne en République centrafricaine, à Bangui, jusqu’en février. Il occupait depuis le poste d’inspecteur à l’inspection de l’armée de terre. Durant sa carrière, il a servi en Bosnie, au Rwanda, au Tchad et en Afghanistan.

Rivalités avec la DGSE

L’éviction du général Eric Vidaud fin mars a étalé au grand jour les critiques portées à l’encontre de la DRM. A l’Opinion, une source du ministère des Armées évoquait pour justifier son départ des «briefings insuffisants» et un «manque de maîtrise des sujets». L’ex-patron du Commandement des opérations spéciales payait, selon plusieurs sources mentionnées dans la presse, le manque d’anticipation des services français à propos de l’invasion russe en Ukraine. Début mars, le chef d’état-major des armées, le général Thierry Burkhard, avait ainsi admis des divergences d’analyses entre les services français et américains sur l’éventualité d’une offensive russe. «Les Américains disaient que les Russes allaient attaquer, ils avaient raison. Nos services pensaient plutôt que la conquête de l’Ukraine aurait un coût monstrueux et que les Russes avaient d’autres options», concédait-il au Monde.

Reste qu’anticiper les intentions des pays étrangers, «ce n’est pas le boulot de la DRM, c’est celui de la Direction générale de la sécurité extérieure», avançait de son côté une source sécuritaire auprès de Libération. Selon les observateurs, ce qui se jouerait dans ce jeu de chaises musicales serait davantage une rivalité classique entre services. La DGSE, qui s’est historiquement détachée de ses origines militaires, ne verrait pas d’un bon œil qu’un autre service marche sur ses plates-bandes. Et ce d’autant plus dans une période où l’Elysée a lancé, il y a plus d’un an, un vaste chantier visant à transformer la DRM pour l’adapter à l’intensification des crises. «Le renseignement est un domaine dans lequel il faut continuer l’effort, les services sont confrontés à une donne radicalement différente», affirmait dans ce sens la ministre des Armées, Florence Parly, dans un entretien au Parisien début avril.

Apprécié du chef d’état-major

En septembre, la nomination du général Vidaud à la DRM alors qu’il n’était pas candidat avait créé la surprise. Initialement, c’est le général Bertrand Toujouse qui était envisagé à ce poste. Alors numéro 2 de la DRM, passé par le prestigieux 13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP), surnommé «le 13» – une unité de renseignement faisant office de bras armé de la DRM – Toujouse n’avait finalement pas été retenu. Une source assurait fin mars à Challenges que «les services de renseignement, DGSE en tête, craignaient qu’avec Toujouse à sa tête, la DRM remonte en puissance et vienne marcher sur leurs platebandes». Une lutte d’influence vieille comme les services eux-mêmes.

Le général Jacques Langlade de Montgros, lui, n’est pas étranger au monde du renseignement. De 2007 à 2010, il a travaillé auprès de l’ancien ministre de la Défense Hervé Morin. Il était alors en charge des relations avec les services de renseignement du ministère – la DRM et la Direction du renseignement et de la sécurité de la Défense notamment. L’officier a ensuite dirigé le bureau renseignement du Centre de planification et de commandement des opérations (CPCO), de 2015 à 2017. A Balard, dans le XVe arrondissement de Paris, le CPCO est au cœur de la gestion des opérations, de la planification à leur conduite. Près de 200 officiers y travaillent. Jacques Langlade de Montgros a également travaillé auprès de l’actuelle ministre des Armées, Florence Parly, au sein de la cellule opérations et relations internationales. Selon le Point, Montgros serait très apprécié de l’actuel chef d’état-major des armées, Thierry Burkhard. Un gage de sérénité dans une période trouble pour le renseignement militaire français.