Dans le salon spartiate de Yuval Bitton, dans un petit kibboutz à une trentaine de kilomètres de la frontière avec Gaza, des pancartes à l’effigie de son neveu Tamir Adar, 38 ans, traînent un peu partout. Sous la photo, une phrase devenue célèbre à travers le monde, «Bring Them Home» («ramenez-les à la maison»). Mais Tamir ne rentrera pas. Il a été tué en défendant son kibboutz de Nir Oz pendant l’attaque terroriste du Hamas le 7 Octobre, et seule sa dépouille est encore retenue dans Gaza. «Il faisait partie de la brigade de sécurité, donc dès que les sirènes ont commencé, il est sorti pour prendre son poste. Sa femme et ses deux enfants ne l’ont pas revu, raconte Yuval Bitton. Mais il les a quand même sauvés : un mois avant l’attaque, il avait installé une barre pour fermer la porte de l’abri de l’intérieur.»
Yuval Bitton est grand et sec. Il a passé près d’un quart de siècle à servir sous l’uniforme du service pénitentiaire israélien. Ce n’était pas ce qu’avait prévu le dentiste de 28 ans quand il a intégré la clinique de la prison de Nafha, au milieu du désert du Néguev. On y comptait alors 250 prisonniers palestiniens, dont un certain Yahya Sinwar – militant du Hamas, devenu mardi 6 août le numéro 1 de l’organisation.
Dents brunies par le fluor
A Nafha, puis dans le complexe pénitentiaire de Beer