«C’est un chiffre qui n’aurait jamais dû être atteint.» L’invasion de l’Ukraine par la Russie a poussé pour la première fois le nombre de personnes déracinées dans le monde au-dessus de la barre des 100 millions, contre 90 millions il y a seulement six mois. «Le nombre de personnes contraintes de fuir les conflits, la violence, les violations des droits humains et les persécutions a franchi la barre vertigineuse des 100 millions pour la première fois, sous l’effet de la guerre en Ukraine et d’autres conflits meurtriers», écrit le Haut Commissariat aux réfugiés dans un communiqué.
«Le chiffre de 100 millions est saisissant, source d’inquiétude et donne à réfléchir, a déclaré le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. Cela doit servir de signal d’alarme pour nous permettre de résoudre et de prévenir les conflits destructeurs, de mettre fin aux persécutions et de lutter contre les causes profondes qui contraignent des personnes innocentes à fuir leur foyer».
La situation était déjà grave, comme le révèlent les statistiques du HCR. Fin 2021, le nombre de personnes déracinées dans le monde avait atteint 90 millions, en raison de nouvelles vagues de violence ou de conflits prolongés dans des pays tels que l’Ethiopie, le Burkina Faso, le Myanmar, le Nigeria, l’Afghanistan et la République démocratique du Congo.
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Puis le 24 février, le président russe Vladimir Poutine a ordonné l’invasion de l’Ukraine voisine, jetant de nouveaux millions de personnes sur les routes pour fuir les combats et rejoindre des régions moins exposées ou un autre pays.
L’Europe n’avait pas connu un flot aussi rapide de réfugiés depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. Presque 6,5 millions d’Ukrainiens ont quitté le pays, essentiellement des femmes et des enfants, les hommes en âge de se battre devant rester au pays. Et l’ONU estime qu’ils pourraient être 8,3 millions d’ici la fin de l’année. En Ukraine même, on estime que quelque 8 millions de personnes sont des déplacés internes.
Ces 100 millions de déracinés représentent plus de 1% de la population mondiale, et seulement 13 pays dans le monde ont une population supérieure à ce nombre, rappelle le HCR, pour donner une meilleure idée de l’ampleur du phénomène.
«La réponse de la communauté internationale envers les personnes fuyant la guerre en Ukraine a été extrêmement positive», s’est réjoui Filippo Grandi. Mais cet élan de générosité et une mobilisation d’aide publique pour l’Ukraine contrastent fortement avec l’accueil beaucoup plus mitigé réservé aux réfugiés d’autres théâtres de guerre comme l’Afghanistan ou la Syrie. Le patron du HCR rappelle-t-il que «l’aide humanitaire n’est qu’un palliatif, pas un remède»