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«Le Serpent» : le tueur en série Charles Sobhraj de retour en France

Le tueur en série français, condamné pour plusieurs meurtres à travers l’Asie dans les années 1970, est arrivé à Roissy ce samedi matin, après sa libération d’une prison au Népal. Il doit faire l’objet de vérification d’identité avant de quitter l’aéroport librement.
Le sérial killer français Charles Sobhraj devant le tribunal de Bhaktapur au Népal, le 12 juin 2014. (Prakash Mathema /AFP)
publié le 21 décembre 2022 à 16h25
(mis à jour le 24 décembre 2022 à 8h59)

Le tueur en série français Charles Sobhraj, 78 ans, dit «Le Serpent», expulsé par les autorités du Népal après y avoir passé près de vingt ans en prison pour le meurtre de deux touristes nord-américains, est rentré samedi matin en France. Soupçonné d’une vingtaine de meurtres dans les années 1970 en Asie, celui qui a inspiré une série diffusée sur Netflix est arrivé à l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle, à Paris, à bord d’un avion en provenance de Doha (Qatar) et a été aussitôt pris en charge par la police, a constaté un journaliste de l’AFP qui voyageait avec lui.

Charles Sobhraj doit faire l’objet de «vérifications d’identité», a indiqué une source aéroportuaire à l’AFP, qui a précisé qu’il n’était «ni recherché, ni poursuivi» en France et pourrait quitter l’aéroport une fois ces vérifications effectuées. Charles Sobhraj est sorti de sa prison népalaise ce vendredi.

La décision a été prise par la cour suprême du Népal ce mercredi. La plus haute juridiction du pays estimait sa libération nécessaire en raison des conditions de santé du Français d’origine vietnamienne et indienne. «Le maintenir continuellement en prison n’est pas conforme aux droits humains du prisonnier, peut-on lire sur une copie du verdict de la cour suprême. S’il n’y a pas d’autres affaires en cours contre lui pour le maintenir en prison, cette cour ordonne sa libération aujourd’hui et […] le retour dans son pays dans les quinze jours.»

En effet, la Cour suprême du Népal affirme que Charles Sobhraj a besoin d’une opération à cœur ouvert et que cette sortie anticipée est conforme à une loi du pays, autorisant la libération des prisonniers alités ayant déjà purgé les trois quarts de leur peine. Le tueur en série devait initialement être libéré jeudi, mais à cause de problèmes logistiques et juridiques, sa libération a été retardée d’un jour.

Charles Sobhraj clame son innocence

Jeudi, le ministère français des Affaires étrangères n’avait pas encore officiellement reçu, de la part des autorités népalaises, la demande d’expulsion de Charles Sobhraj. «Nous avons été informés que la cour suprême du Népal avait accepté le recours de M. Charles Sobhraj en demandant sa libération compte tenu de son âge et de son état de santé, et son expulsion vers la France», a expliqué une porte-parole du ministère. «Si une demande d’expulsion leur est notifiée, la France serait tenue d’y faire droit puisque M. Sobhraj est un ressortissant français», a-t-elle ajouté sans plus de détails.

«Je vais bien. J’ai beaucoup de choses à faire. Je dois poursuivre de nombreuses personnes en justice, y compris au Népal», a affirmé Charles Sobhraj dans l’avion qui le ramène à Paris. Interrogé pour savoir s’il avait été décrit à tort comme un tueur en série, il a répondu «oui ! oui !». «Lorsque je suis entré en prison, je n’avais rien fait», a-t-il soutenu. «Je suis innocent dans tous ces dossiers, ok ? Je ne dois donc pas me sentir mal ou bien pour ça. Je suis innocent. Tout a été bâti sur de faux documents».

Un long parcours criminel

Après une enfance troublée et plusieurs séjours en prison en France pour des délits mineurs, Sobhraj a commencé à parcourir le monde au début des années 70 et s’est retrouvé à Bangkok, la capitale thaïlandaise. Son modus operandi consistait à charmer et à se lier d’amitié avec ses victimes, souvent des routards occidentaux en quête de spiritualité, avant de les droguer, de les voler et de les tuer.

Son implication dans un premier meurtre remonte à 1975 lorsque le corps d’une jeune Américaine avait été retrouvé sur une plage de Pattaya. Décrit comme doux et sophistiqué, il est lié à une vingtaine de meurtres. Ses victimes étaient étranglées, battues ou brûlées, et il utilisait souvent les passeports de ses victimes masculines pour se rendre à sa prochaine destination. Le surnom de Sobhraj, «le serpent», lui vient de sa capacité à prendre d’autres identités pour échapper à la justice, et est devenu le titre d’une série à succès réalisée par la BBC et Netflix qui s’inspire de sa vie.

Sobhraj a été arrêté en Inde en 1976, après la mort par empoisonnement d’un touriste français dans un hôtel de Delhi, et a été condamné à douze ans de prison pour meurtre. Il a finalement passé vingt-et-un ans en prison, avec une brève pause en 1986 lorsqu’il s’est échappé avant d’être à nouveau arrêté dans l’Etat côtier indien de Goa.

Libéré en 1997, il s’était retiré à Paris mais avait refait surface en 2003 au Népal, où il a été repéré dans le quartier touristique de Katmandou et arrêté. L’année suivante, un tribunal l’a condamné à la prison à vie pour avoir tué la touriste américaine Connie Jo Bronzich en 1975. Dix ans plus tard, il a également été reconnu coupable du meurtre de la compagne canadienne de Connie Jo Bronzich. Depuis sa prison, Sobhraj a épousé en 2008 Nihita Biswas, la fille de son avocat népalais, de 44 ans sa cadette.

Mise à jour : à 10 h 58 avec l’annonce du départ vers la France.

Mise à jour : à 15 h 35 avec les déclarations de Charles Sobhraj.