Circulez, il n’y a rien à voir. L’enquête sur la mort de l’homme qui avait blessé au couteau le président comorien Azali Assoumani est close sans apporter d’explication, a annoncé mercredi 25 septembre le parquet de la capitale Moroni. «Il n’existait ni blessures par arme à feu ni par arme contondante ou tranchante. Suivant ces éléments, le parquet estime qu’il n’y a pas d’opportunité de poursuivre l’enquête», conclut le texte, sans autre détail.
Arrêté le 13 septembre, immédiatement après avoir «légèrement blessé» le chef de l’Etat près de la capitale, Ahmed Abdou avait été placé à l’isolement, et sa dépouille a été découverte le lendemain matin. «Lorsque les enquêteurs se sont présentés pour l’auditionner […] ils ont trouvé le jeune [homme] allongé» et «sans vie», relate le parquet de Moroni, le 14 septembre, dans un communiqué publié dans le journal d’Etat Al-Watwan, ajoutant qu’un médecin militaire a constaté le décès et estimé l’heure de la mort à deux heures du matin.
«Déni de justice»
Le procureur de Moroni Ali Mohamed Djounaid avait annoncé que le corps du jeune militaire avait été immédiatement remis à la famille, ce qui excluait la possibilité d’une autopsie. Conformément au rite musulman, religion de la quasi-totalité des 870 000 habitants de cet archipel de l’Océan indien, le défunt avait été enterré quelques heures plus tard.
Reportage
L’annonce de la clôture de l’enquête a été dénoncée par l’opposition et des militants des droits humains, qu’ils ont qualifié de «déni de justice». «Il s’agit d’une forfaiture et d’un déni de justice de la part du procureur de Moroni», c’est «une injustice de sa part de clôturer une enquête qui n’a jamais eu lieu. Le ministre public a failli à ses missions», a fustigé Me Gérard Youssouf, avocat au barreau de Moroni et défenseur des droits de l’Homme.
Au-delà des avocats, deux partis d’opposition, Orange et Ushe, se sont également insurgés. «Le parquet de Moroni ne répond pas aux multiples questions» concernant «les circonstances du décès en détention» de l’agresseur présumé du chef de l’Etat, a notamment estimé dans un communiqué Daoudou Abdallah Mohamed, chef d’Orange et ancien candidat à la présidentielle de janvier, perdue face à l’actuel président Azali Assoumani. Contesté, le scrutin avait été suivi de deux jours de manifestations meurtrières. Les détracteurs d’Azali l’accusent d’autoritarisme croissant à la tête de cet archipel, où le président de la République cumule les casquettes de chefs de l’Etat et du gouvernement.