1971 : la création, avec Bernard Kouchner et Xavier Emmanuelli
Un mode d’action, en mode révolution ? Jusque-là, les agences onusiennes et intergouvernementales n’intervenaient qu’à une double condition : l’accord du gouvernement concerné et le silence sur leur intervention. Hantée par le spectre du Biafra, au Nigeria, MSF brise le modèle et décide d’agir sans autorisation tout en se laissant la latitude de témoigner si nécessaire. Une idée simple, qui jette les bases d’un nouveau type d’humanitarisme et tente de réinventer le concept d’aide d’urgence. L’organisation est créée par des médecins, dont Bernard Kouchner, et des journalistes de la revue médicale Tonus, dont son rédacteur en chef Raymond Borel. Sa première mission se déroule en 1972 à Managua, la capitale du Nicaragua, frappée par un tremblement de terre. Elle se déploie dans la foulée sur des terrains de guerre, comme au Liban, en 1976, ou pour aider des victimes de guerre, dont les Cambodgiens réfugiés en Thaïlande après avoir fui les Khmers rouges, dès 1975.
1979 : la scission
A l’assemblée générale de mai 1979, dans un hôtel de l’avenue de Suffren, Bernard Kouchner, désavoué, joue le clash : «Née en 1971, MSF est morte pour moi, tuée en plein succès.» Lutte pour le pouvoir, lutte d’hommes à hommes, lutte idéologique, peut-être. Mais pas seulement. Idéalisme romantique d’un côté, pragmatisme programmatique de l’autre : Kouchner rêve de prolonger le rêve d’un happening entre urgence