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Référendum

Les Irlandais rejettent la modernisation de la place des femmes et de la famille dans la Constitution

Le «non» l’a emporté aux deux questions posées par référendum aux Irlandais, a reconnu le gouvernement ce samedi 9 mars, qui portait ces mesures visant à effacer l’empreinte laissée par l’Eglise catholique dans le pays.
Une affiche qui appelle à voter «non» aux référendums, à Dublin, le 3 mars 2024. (Clodagh Kilcoyne/REUTERS)
publié le 9 mars 2024 à 17h23

Un nouvel exemple que le combat pour l’égalité des sexes n’est pas encore gagné. Tandis que tous les sondages prédisaient un vote positif, les Irlandais ont largement rejeté le double référendum visant à moderniser la conception de la famille et la place des femmes dans la Constitution de leur pays. «Je pense qu’il est clair à ce stade que les amendements […] ont été rejetés», a annoncé ce samedi 9 mars le Premier ministre Leo Varadkar, dont le gouvernement de centre-droit avait proposé la réforme.

«Il était de notre responsabilité de convaincre une majorité de personnes de voter “oui” et nous avons échoué à le faire», a-t-il reconnu, alors que les résultats du référendum, dont la formulation avait été très critiquée, n’ont pas été encore officiellement publiés.

La première question posée aux près de 3,5 millions d’Irlandais inscrits sur les listes électorales concernait la définition de la famille, proposant de l’élargir au-delà de celle fondée sur le mariage, pour inclure également les «relations durables» comme les couples en concubinage et leurs enfants. La seconde question proposait d’effacer une référence dépassée sur le rôle des femmes dans le foyer, qui suggère qu’elles ont le devoir de prendre soin des autres personnes sous leur toit. Une nouvelle formule, plus large, imputait à tous les membres d’une famille la responsabilité de prendre soin les uns des autres.

L’objectif du gouvernement était d’effacer un peu plus l’empreinte laissée par l’Eglise catholique, qui avait rédigé la Constitution en 1937 lorsqu’elle régnait dans le pays sur la vie publique et privée. Et l’ensemble des grands partis politiques du pays y étaient favorables. «Nous considérons ces changements comme de petits pas en avant et, dans l’ensemble, nous sommes en faveur d’un vote du “oui”», avait déclaré jeudi la dirigeante du Sinn Fein, le parti républicain de gauche, Mary Lou McDonald.

Mais des commentateurs proches de l’extrême droite ont agité l’épouvantail des relations polygames ou du regroupement familial des migrants, qui pourraient selon eux être encouragés par ces modifications.

Car sur certains points, l’Irlande est encore en retard : le pays n’a légalisé le mariage pour tous qu’en 2015, et l’avortement seulement en 2018, à la suite de référendums aux débats enflammés.