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Edito

Les militaires réinventent les armes que sont la réputation et l’information

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Le développement des nouvelles techniques d’infiltration et d’influence sur le Web par l’armée française est légitime dans la mesure du respect des garde-fous légaux.
Photomontage Libération d'après photo AFP (MICHELE CATTANI/AFP)
publié le 9 mars 2021 à 16h57

Nouvelles stars des réseaux sociaux, les influenceurs du Web ne sont pas tous des starlettes de téléréalité exilées sous le soleil fiscal de Dubaï. Une autre catégorie, plus discrète celle-là, peuple les sous-sols du ministère des Armées. Des soldats 2.0 y animent les comptes d’agents virtuels en mission dans le vaste monde numérique. Un terrain de guerre plus si nouveau, mais en perpétuelle évolution et désormais suffisamment crucial pour faire bientôt l’objet d’une doctrine en matière de «lutte informationnelle» qui enracinera cette pratique dans le répertoire d’action de nos armées. Un pas significatif de l’évolution récente de la physionomie des conflits et de ses acteurs : aux côtés d’opérations massives menées par la Russie, la Chine ou les Etats-Unis, on trouve les actions de propagande d’acteurs non étatiques, les groupes jihadistes par exemple. A l’ère des réseaux, les militaires réinventent donc les armes classiques que sont la réputation et l’information.

Propagande ? Désinformation ? Pas tout à fait. A la différence d’agents des services secrets ou de barbouzes incontrôlables, ces unités sont tenues d’opérer dans les limites de la légalité, et de respecter le droit des conflits armés. Celui-ci autorise la «ruse», mais pas la «perfidie» : les guerriers du numérique sont ainsi – en France, tout du moins – autorisés à c