Premier jour du G7, et déjà une première polémique. Présidée cette année par l’Italie, ce groupe de partenaires économiques – qui compte aussi la France, les Etats-Unis, le Canada, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni – se retrouve à partir de ce jeudi 13 juin et jusqu’au 15 juin dans les Pouilles. Dans le communiqué final de la réunion, dont la publication n’est pas prévue avant vendredi soir, une mention qui prévoyait de réaffirmer l’engagement des pays membres à garantir le droit à l’avortement aurait disparu.
«Le G7 se divise sur l’avortement», titre en une le journal de gauche italien la Repubblica. «Le premier affrontement au G7 porte sur l’IVG», met aussi en exergue le quotidien de centre droit la Stampa. D’après la presse italienne, cette suppression a provoqué la colère des autres membres du G7, notamment la France, qui a récemment introduit le droit à l’IVG dans sa Constitution.
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Les services de la dirigeante italienne d’extrême droite, Giorgia Meloni, ont démenti mercredi toute censure. Le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, a lui aussi tenté d’éteindre le feu des rumeurs en disant qu’il était «prématuré» de commenter ces informations alors que «les différentes délégations sont en train de négocier». Mais une source proche de ces négociations a indiqué à l’AFP que «Meloni ne veut pas» de cette mention à un «accès sûr» à l’IVG.
Des mesures anti-IVG en Italie
La disparition de cette référence au droit à l’avortement par le gouvernement italien ne semble étonner personne. La dirigeante d’extrême droite Giorgia Meloni est connue pour sa position pour le moins ambiguë à l’égard de l’IVG. Elle a plusieurs fois répété qu’elle ne «touchera pas» à ce droit accordé en 1978 aux Italiennes, mais la première femme à la tête du pays insiste pour proposer «d’autres options» à celles qui voudraient avorter. Défenseuse de la «famille traditionnelle», cette mère chrétienne a fait de la lutte contre la baisse de la natalité son cheval de bataille depuis son accession au sommet de l’Etat en 2022.
En avril, le Parlement italien, dominé par la droite et l’extrême droite, a voté une mesure promue par le gouvernement Meloni autorisant des militants anti-avortement à être présents dans les cliniques où se rendent les femmes désirant avorter, provoquant l’indignation des partis d’opposition.
La «grande inquiétude» des autres leaders du G7
L’année dernière, lors de la réunion du G7 à Hiroshima, les dirigeants des pays membres avaient exprimé leur «grande inquiétude» sur le recul des droits des femmes. Ils s’étaient engagés en faveur de «l’accès à l’avortement sûr et légal et des soins post-IVG». Giorgia Meloni est donc «isolée sur ce sujet. Mais puisque c’est le pays hôte, les autres ont décidé de ne pas en faire un casus belli», indique à l’AFP cette même source proche des négociations en cours.
Il semble que les Etats-Unis n’aient pas voulu en rester là. L’avortement est aussi un sujet brûlant outre-Atlantique, où Joe Biden a dénoncé les restrictions à ce droit fondamental imposées dans les Etats les plus conservateurs, depuis la décision de la Cour suprême de ne le plus protéger au niveau national. Le président américain «tenait vraiment beaucoup à ce que nous ayons au minimum les mots faisant référence à ce que nous avions à Hiroshima sur la santé et les droits de reproduction des femmes», a souligné à l’AFP un haut responsable américain sous couvert d’anonymat.