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Interview

Liban : «C’est la survie de la société qui est en jeu»

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Explosions à Beyrouth: la colère des Libanaisdossier
Charbel Nahas, chef d’un parti d’opposition libanais et ancien ministre, veut mobiliser la population contre ses dirigeants et les banquiers.
A Beyrouth, lundi. La place des Martyrs est le plus vaste lieu de rassemblement du centre-ville. Au centre, le « Poing de la révolution », levé de nouveau après avoir été incendié le matin même par des opposants au mouvement le 22 novembre 2019. (Ségolène Ragu/Libération)
publié le 14 octobre 2021 à 6h24

Chef du parti d’opposition Citoyens et citoyennes dans un Etat, Charbel Nahas, ancien ministre libanais, économiste, ingénieur diplômé de Polytechnique et de l’Ecole nationale des ponts et chaussées, veut imposer un autre rapport de force entre les politiques et la population.

Par quel bout prendre la crise multidimensionnelle dans laquelle le Liban s’est englué ?

Il ne s’agit pas au Liban d’une crise financière classique qui aurait découlé d’une baisse des exportations ou d’une défaillance technique dans le système financier. Bien au contraire. Le système a perduré encore près de vingt-cinq ans. Il a pu se maintenir tantôt en mettant à profit les développements économiques extérieurs, la montée des prix du pétrole, la crise de 2008, tantôt en mettant à profit des développements politiques internes.

Vous utilisez le mot «prouesses» dans un sens négatif ?

Bien sûr. Ces prouesses ont produit d’une part une aggravation colossale des pertes, mais elles ont aussi ancré la légitimité du système au point que seule une minorité de Libanais, parmi les plus âgés, gardent le souvenir d’un autre système que ce casino merveilleux où l’on gagne à tous les coups. Et par la suite, quand l’effondrement est survenu, il a produit l’effet d’une fin du monde.

Pouvez-vous expliquer comment fonctionnait ce «casino merveilleux» ?

Entre 1990 et 2019, le Liban a reçu en transferts