Travailleurs, étudiants étrangers, demandeurs d’asile… quelles que soient les catégories, partout des records. L’immigration permanente a atteint l’an dernier un niveau historique vers les pays de l’OCDE, où 6,1 millions de personnes sont entrées pour combler en partie les «pénuries de main-d’œuvre», selon un rapport publié ce lundi 23 octobre par l’Organisation de coopération et de développement économiques. Des chiffres auxquels il faut ajouter les 4,7 millions de déplacés ukrainiens recensés en juin 2023 dans les 38 pays membres de l’organisation internationale.
Pour mémoire, il s’agit des pays parmi les plus développés économiquement du globe. Ils sont majoritairement situés en Europe occidentale et en Amérique du Nord, mais il faut leur adjoindre des Etats tels que la Corée du Sud, l’Australie ou Israël.
Malgré ces flux records, «la majorité de l’immigration est régulée, maîtrisée», à commencer par celle des travailleurs, a tempéré Jean-Christophe Dumont, qui dirige la division migrations de l’OCDE. «L’immigration est un phénomène socio-économique comme les autres, qu’il faut gérer», a précisé l’économiste, prenant l’exemple de la France. L’immigration de travail a représenté 54 000 personnes dans l’Hexagone en 2022, «un niveau jamais vu depuis les années 1960».
Explosion de la demande d’asile
L’an dernier, plus d’un pays sur trois a enregistré des flux «inédits depuis au moins 15 ans», dont la France (301 000 personnes), l’Espagne (471 000) ou la Belgique (122 000). Plusieurs autres, comme le Royaume-Uni (521 000) et le Canada (437 000), ont battu des records absolus, selon les données compilées dans le document.
Dans le détail, la demande d’asile a explosé. Deux millions de nouvelles demandes ont été déposées en 2022, «soit le nombre le plus élevé jamais enregistré à ce jour». C’est deux fois plus que l’année précédente et largement supérieur aux années 2015-2016, lorsque le conflit en Syrie avait généré une vague d’exil vers l’Europe. Ce pic est en grande partie lié à la situation aux Etats-Unis, qui ont enregistré 730 000 demandes, contre 190 000 en 2021. Ce seul pays a accueilli l’an dernier 1,05 million de «nouveaux immigrés permanents».
Le nombre d’admissions d’étudiants internationaux a également atteint un niveau record, en frôlant les deux millions de personnes, soit près du double de l’année précédente.
«Amélioration des conditions d’insertion sur le marché du travail»
Cette dynamique globale est «liée au fait que de nombreux pays de l’OCDE connaissent des pénuries de main-d’œuvre», explique l’organisation dans son rapport. D’autant que ces flux s’accompagnent «par une amélioration des conditions d’insertion sur le marché du travail», détaille Jean-Christophe Dumont. Ainsi, le taux d’emploi des immigrés «a atteint le plus haut niveau jamais observé dans l’ensemble des pays de l’OCDE», où la France fait toutefois partie des mauvais élèves, avec un taux de 61 % – contre 72 % en moyenne.
L’«immigration régulée de travailleurs étrangers», souligne le document, s’élève à 21 % du total des flux et représente désormais la même proportion que les personnes immigrant pour des raisons humanitaires. Une part d’autant plus importante que la progression de l’immigration familiale, qui reste la principale catégorie avec quatre entrées sur dix, est surtout «due aux familles accompagnant les travailleurs immigrés», observe l’institution.
L’an dernier, selon les données de l’organisation, près de 80 % des immigrés étaient «actifs» et moins de 8 % au chômage. Toutes ces données ne prennent pas en compte les travailleurs temporaires, comme les saisonniers, catégorie ayant également connu «une forte hausse». Sur l’ensemble des indicateurs, anticipe l’OCDE, les données préliminaires pour 2023 laissent déjà entrevoir «une nouvelle hausse».