Malgré la pluie battante, la file d’attente ne désemplit pas. Dans un quartier résidentiel de Tanger, à l’extrême nord du Maroc, des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants attendent leur tour devant l’un des sept centres TLScontact du royaume. Depuis le début des années 2000, la France sous-traite la gestion des demandes de visas à cette entreprise privée, présente dans le royaume chérifien et dans de nombreux autres pays d’Afrique francophone (Algérie, Tunisie, Gabon, Côte-d’Ivoire, Sénégal, Cameroun…).
Après avoir réussi à obtenir un rendez-vous, Laila (1) vient de déposer un imposant dossier dans le bâtiment à la devanture grise et bleue. A l’intérieur de son porte-documents, les réservations d’un billet d’avion aller-retour, la confirmation d’un séjour à l’hôtel ou encore un relevé d’un compte bancaire au Maroc pour les trois derniers mois. Preuves, pour les autorités françaises, que la mère de famille de 45 ans retournera bien dans le royaume. La Marocaine aux lèvres botoxées et aux faux cils a fait une demande de visa touristique pour elle et ses quatre filles, âgées de 14 à 26 ans. L’objectif du séjour : aller à Disneyland. «Lors de mes deux précédents voyages à Paris, j’avais fait une demande de visa Schengen auprès de l’Espagne, car il était devenu impossible d’obtenir une réponse positive de