A quoi ressembleront les métiers du futur ? Face au déploiement de l’intelligence artificielle une partie des emplois devront évoluer. C’est en tout cas ce qu’affirme l’Organisation internationale du travail (OIT), dans une étude publiée mardi 20 mai avec l’Institut de recherche polonais NASK.
Dans le monde, une profession sur quatre risque d’être remodelée par l’intelligence artificielle générative – une IA capable de créer du contenu en répondant à des requêtes. Des professions transformées, mais pas remplacées, souligne l’étude, insistant sur le fait que la disparition d’emplois n’est pas le scénario le plus probable. L’automatisation restera minoritaire.
En première ligne des métiers les plus touchés : les emplois de bureau. Nombre de leurs tâches pourront être automatisées ou simplifiées grâce à l’intelligence artificielle. Les secteurs des médias, de l’informatique et de la finance sont parmi les premiers concernés. Parmi les 436 professions analysées par l’OIT et NASK, ce sont les commis de saisie de données qui pourraient le plus pâtir de la transformation numérique. Leur métier consiste en grande partie à préparer des documents pour des conférences ou des réunions, tels que des diaporamas ou des cartes. Des fonctions que des IA génératives, à l’image de ChatGPT, peuvent déjà faire de manière très rapide.
Selon l’étude, les métiers possiblement les plus touchés sont déjà habitués aux évolutions numériques rapides. Car ces emplois dépendent déjà largement des avancées technologiques : ils ne subiront potentiellement pas leur transformation mais la vivront plutôt comme une richesse.
«Apporter de la clarté et du contexte»
Au niveau mondial, 3,3 % des emplois présentent des risques élevés d’automatisation, et donc de remplacement pur et simple par l’IA sur le long terme. Un chiffre en augmentation, puisque en février, l’OIT estimait que seules 2,3 % des professions finiraient par être totalement remplacées. Ce sont les femmes, qui travaillent plus majoritairement dans les secteurs tertiaires dans les pays les plus riches, qui en pâtiront le plus. Dans ces zones du monde, elles y seront exposées à 9,6 %, contre 2,3 % pour les hommes. Un constat déjà fait lors du Sommet sur l’action de l’intelligence artificielle à Paris en février dernier. Le directeur général de l’OIT, Gilbert Houngbo, avait alors introduit son discours en affirmant que «l’IA risque d’accroître l’écart entre les hommes et les femmes».
Lors du sommet, Christy Hoffman, secrétaire générale du syndicat UNI Global Union, avait insisté sur la nécessité que les entreprises abordent au plus vite la question des conséquences de l’IA sur leurs salariés. Une idée reprise par l’OIT dans son rapport de mai. Sans entrer dans le détail, l‘agence de l’ONU invite à mettre en place des politiques pour encadrer la transition numérique. Elles permettraient de «maintenir les travailleurs dans des métiers en transformation et de garantir la qualité des emplois».
«Face à l’emballement autour de l’IA, il est crucial d’apporter de la clarté et du contexte», rappelle économiste de l’OIT Janine Berge, dans un communiqué de l’agence onusienne. L’automatisation des emplois mondiaux, ainsi que leur transformation, reste minoritaire. La majeure partie des tâches nécessitent toujours l’intervention de l’être humain. Selon le rapport, plusieurs métiers ne devraient pas être en dangers : coiffeurs, garagistes, éboueurs ou encore dentistes restent pour l’instant irremplaçables.