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L’ombre de Donald Trump plane sur l’annonce du prix Nobel de la paix

Le président américain a fait de cette distinction une obsession. Mais même l’accord sur le cessez-le-feu à Gaza ne devrait pas suffire.

«Trump ne remportera pas le prix cette année. J’en suis 100 % sûr», cingle Asle Sveen, historien, spécialiste du Nobel. (Odd Andersen/AFP)
Publié le 10/10/2025 à 9h19

Presque autant que le nom du lauréat du prix Nobel de la paix, c’est la réaction de Donald Trump s’il ne l’obtient pas (hypothèse la plus probable) que l’on guettera ce vendredi en fin de matinée. Le président américain a fait de la conquête du plus prestigieux des Nobel une obsession. «Je ne sais pas vraiment ce que [le comité Nobel] va faire. Mais je sais une chose : personne dans l’histoire n’a jamais résolu huit guerres en l’espace de neuf mois», a fanfaronné le chef d’Etat américain jeudi. «Et moi, j’ai mis fin à huit guerres. Cela ne s’était encore jamais vu», a-t-il dit, soulignant que celle de Gaza était «la plus importante de toutes».

Même si le Président a fait pression sur les belligérants pour aboutir, l’accord sur un cessez-le-feu et la libération des otages israéliens conclu dans la nuit de mercredi à jeudi entre le Hamas et l’Etat hébreu ne devrait pas suffire. C’est lundi que les cinq membres du comité Nobel ont tenu leur dernière réunion, laquelle sert généralement à peaufiner les attendus expliquant leur choix, lui-même pris plusieurs jours auparavant. L’accord sur Gaza «n’a absolument aucune conséquence» sur le choix du lauréat 2025 car «le comité a déjà pris sa décision», a assuré à l’AFP l’historien Asle Sveen, spécialiste du Nobel. «Trump ne remportera pas le prix cette année. J’en suis 100 % sûr.»

Au-delà des questions de calendrier, nombreux sont ceux qui pointent son mantra «l’Amérique d’abord» contraire aux idéaux (coopération internationale, fraternité entre les peuples et désarmement) contenus dans le testament d’Alfred Nobel (1833-1896).

Pas de favori

Reste à savoir qui parmi les 338 individus et organisations en lice cette année – une liste tenue secrète – remportera le prix. En l’absence de favori, plusieurs noms circulent : le réseau de bénévoles soudanais Cellules d’intervention d’urgence (ERR), la Russe Ioulia Navalnaïa, veuve de l’opposant Alexeï Navalny, ou le bras de l’OSCE chargé d’observer les élections (BIDDH).

Le comité Nobel pourrait aussi choisir de réaffirmer son attachement à un ordre mondial chamboulé par Donald Trump, en récompensant le chef de l’ONU, Antonio Guterres, ou une émanation des Nations unies comme le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) ou l’agence pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).

Il pourrait également distinguer la justice internationale – Cour internationale de justice (CIJ) ou Cour pénale internationale (CPI) – ou la liberté de la presse menacée en auréolant des ONG telles que le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ou Reporters sans frontières (RSF).

Seule certitude : «il y aura un lauréat», a dit à l’AFP Erik Aasheim, porte-parole de l’Institut Nobel, coupant court aux spéculations de certains experts qui estiment que le comité, à la lumière de la situation géopolitique, pourrait faire l’impasse. En 2024, le prix de la paix était allé à Nihon Hidankyo, un groupe de survivants des bombardements de Hiroshima et Nagasaki, en croisade contre l’arme nucléaire.

Le Nobel consiste en un diplôme, une médaille d’or et un chèque de onze millions de couronnes suédoises (environ un million d’euros). Après les prix de médecine, physique, chimie, littérature et paix décernés cette semaine, la saison Nobel s’achèvera lundi à Stockholm avec l’attribution du prix d’économie.