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Réactions

Prise de contrôle de Gaza : le plan israélien risque de mener à «une impasse absolue», dénonce la France

Les annonces de Benyamin Nétanyahou et à son plan de «prendre le contrôle» de la ville de Gaza ont fait réagir le monde entier ce vendredi 8 août.
Des soldats israéliens se tiennent sur une colline surplombant la bande de Gaza, près de la barrière frontalière avec le territoire palestinien assiégé, le 30 juillet 2025. (Menahem Kahana/AFP)
publié le 8 août 2025 à 10h53
(mis à jour le 8 août 2025 à 20h16)

Les réactions n’ont pas tardé. Le monde entier rejette ce vendredi 8 août, le plan de Benyamin Nétanyahou pour «vaincre» le Hamas et «prendre le contrôle» de la ville de Gaza. La France a condamné «dans les termes les plus forts» le plan du gouvernement israélien pour Gaza, soulignant que celui-ci risque de conduire à «une impasse absolue», selon une déclaration du ministère des Affaires étrangères. Elle rappelle «sa ferme opposition à tout projet d’occupation de la bande de Gaza et de déplacement forcé de sa population» et ajoute que l’occupation «intégrale» de Gaza «aggraverait une situation déjà catastrophique sans permettre la libération des otages du Hamas, son désarmement et sa reddition», a estimé pour sa part le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot, dans un message posté sur X.

L’Allemagne, fidèle allié d’Israël dans sa lutte contre le Hamas, a annoncé par la voix de son chancelier la suspension des exportations d’armes qu’Israël pourrait utiliser à Gaza. Il devient «de plus en plus difficile de comprendre» en quoi le plan militaire israélien permettrait d’atteindre ses objectifs dans la bande de Gaza et, «dans ces circonstances, le gouvernement allemand n’autorise pas, jusqu’à nouvel ordre, les exportations d’équipements militaires susceptibles d’être utilisés dans la bande de Gaza», a déclaré Friedrich Merz.

De leur côté, les Etats-Unis semblent apporter un soutien tacite aux projets d’extension de la guerre contre le Hamas dans le territoire palestinien.

Le Hamas menace les otages

Un peu plus tôt, le Hamas avait logiquement rejeté le plan, dénonçant un «nouveau crime de guerre» qui «coûtera cher» à Israël. L’organisation islamiste a également menacé son ennemi, assurant que le plan dévoilé par Benyamin Nétanyahou signifiait le «sacrifice» des otages.

Premier à réagir, le Premier ministre du Royaume-Uni, Keir Starmer, a qualifié d’«erreur» le plan annoncé par Israël et a exhorté le gouvernement de Nétanyahou à le «reconsidérer immédiatement». «Cette action ne contribuera en rien à mettre fin au conflit ni à obtenir la libération des otages. Elle ne fera qu’engendrer davantage de massacres», a déclaré le chef du gouvernement britannique dans un communiqué.

Keir Starmer avait annoncé fin juillet que son pays envisageait de reconnaître l’Etat de Palestine en septembre, si Israël ne prenait pas une série d’engagements, dont celui d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Dans son communiqué du 8 août, le chef du gouvernement britannique revient à nouveau sur ce «besoin» de mettre fin à la guerre, ainsi que sur la nécessité d’augmenter l’aide humanitaire et de libérer «tous les otages». Il rappelle que Londres œuvre «avec ses alliés» à un «plan de long terme pour garantir la paix dans la région, dans le cadre d’une solution à deux Etats».

«Israël doit mettre fin à son occupation»

Le plan adopté dans la nuit par le cabinet de sécurité israélien a également fait réagir du côté de l’Organisation des nations unies. Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est exprimé dans un communiqué, affirmant que le plan de Nétanyahou «visant à une prise de contrôle militaire complète de la bande de Gaza occupée doit être immédiatement stoppé». Il dénonce une politique qui «va à l’encontre de la décision de la Cour internationale de Justice selon laquelle Israël doit mettre fin à son occupation dès que possible, de la réalisation de la solution à deux Etats et du droit des Palestiniens à l’autodétermination». Il souligne que cette «nouvelle escalade» d’Israël risque d’engendrer «des déplacements forcés encore plus massifs, plus de meurtres, plus de souffrances insoutenables, des destructions insensées et des crimes atroces».

Le président du Conseil européen, Antonio Costa, a lui aussi vivement critiqué le plan d’Israël, estimant qu’une «telle décision» devait avoir «des conséquences» sur les relations de l’UE avec Israël. Le dirigeant a qualifié la situation à Gaza de «dramatique» et estimé que la décision du gouvernement israélien de prendre le contrôle de la ville de Gaza ne ferait que «l’aggraver davantage». La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a quant à elle appelé Israël, dans une publication sur X, à «revenir sur sa décision de prolonger son opération militaire à Gaza» : «Un cessez-le-feu est nécessaire immédiatement.»

L’Iran a de son côté accusé Israël de «procéder à un nettoyage ethnique» dans le territoire palestinien. La Turquie s’est également exprimée dans la matinée. Au travers d’un communiqué, le ministère turc des Affaires étrangères exhorte «la communauté internationale à assumer ses responsabilités en vue d’empêcher la mise en œuvre de cette décision, qui vise à déplacer de force les Palestiniens de leur propre terre en rendant Gaza inhabitable».

Pour la Chine, le plan israélien est source de «grave inquiétude». Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a lui aussi appelé Israël à «cesser immédiatement ses actions dangereuses», rappelant que «Gaza appartient au peuple palestinien et partie intégrante du territoire palestinien».

Mise à jour : à 20h16, avec la réaction de la France.