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Crises

L’ONU lance un appel pour 46,4 milliards de dollars d’aide humanitaire en 2024 : «si nous ne pouvons apporter cette assistance, les gens le paieront de leur vie»

Dans un communiqué rendu public ce lundi 11 décembre, le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, exhorte aux dons la communauté internationale, dans un contexte international marqué par les conflits et l’urgence climatique.
A Rafah, au sud de la bande de Gaza, le dimanche 10 décembre 2023, distribution d'aide alimentaire pour les réfugiés ayant fui les bombardements israéliens dans le nord de l'enclave palestinienne. Les Nations unies avaient lancé un appel pour 2023 à hauteur de 56,7 milliards de dollars, mais elle n’en a reçu que 35 %, soit le pire déficit de financement depuis des années. Les agences de l’ONU ont apporté assistance et protection à 128 millions de personnes. (Mohammed Abed/AFP)
publié le 11 décembre 2023 à 10h25

Conflits, urgence climatique, effondrements économiques… les perspectives pour 2024 sont «sombres» a mis en garde, ce lundi 11 décembre, Martin Griffiths, chef des opérations humanitaire de l’ONU. Quelque 180,5 millions de personnes dans le monde - soit 1 sur 44 environ - ont besoin de l’aide des Nations unies. Sans un financement suffisant, «les gens le paieront de leur vie», a averti l’ONU. Si les yeux sont actuellement braqués sur la guerre dans la bande de Gaza, l’ONU rappelle que le Moyen-Orient, le Soudan et l’Afghanistan ont aussi bénéficié d’importantes opérations d’aide internationale.

Toutefois, l’ampleur de l’appel annuel et le nombre de bénéficiaires que l’ONU cherche à aider ont été revus à la baisse par rapport à 2023, en raison de la diminution des dons. «Les humanitaires sauvent des vies, luttent contre la faim, protègent des enfants, repoussent les épidémies, et fournissent des abris et installations sanitaires dans les situations les plus inhumaines», a déclaré le chef des opérations humanitaires de l’ONU Martin Griffiths.

«Mais le soutien nécessaire de la communauté internationale n’est pas à la hauteur des besoins», a-t-il déploré. Les Nations unies avaient lancé un appel pour 2023 à hauteur de 56,7 milliards de dollars, mais elle n’en a reçu que 35 %, soit le pire déficit de financement depuis des années. Les agences de l’ONU ont apporté assistance et protection à 128 millions de personnes. Et 2023 est en passe de devenir la première année, depuis 2010, lors de laquelle les dons pour l’aide humanitaire ont diminué par rapport à l’année précédente. Aussi, pour 2024, l’ONU a décidé de réviser à la baisse son appel aux dons, choisissant de se concentrer sur les besoins les plus urgents.

Difficultés économiques

En lançant l’appel de fonds pour 2024, Martin Griffiths a reconnu que la somme demandée restait «massive» et serait probablement difficile à rassembler, dans la mesure où de nombreux pays donateurs traversent des difficultés économiques. Mais «sans le financement adéquat, nous ne pourrons apporter une assistance vitale. Et si nous ne pouvons apporter cette assistance, les gens le paieront de leur vie», a-t-il averti. L’appel aux dons vise à financer des opérations dans 72 pays : 26 Etats en crise et 46 pays voisins qui en subissent les répercussions, comme l’afflux de réfugiés.

Il s’agit en premier lieu de la Syrie (4,4 milliards de dollars), suivie de l’Ukraine (3,1 milliards) l’Afghanistan (3 milliards), l’Ethiopie (2,9 milliards), et le Yémen (2,8 milliards). Il pourrait y avoir près de 300 millions de personnes dans le besoin dans le monde en 2024, selon M Griffiths. Mais les Nations unies ne concentreront leurs efforts que sur 180,5 millions d’entre elles, les autres pouvant aussi obtenir l’assistance d’ONG et autres organisations ainsi que des pays eux-mêmes.

«Hiver désespéré» en Ukraine

La première zone géographique concernée par cet appel de fonds est le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (13,9 milliards). Mais Martin Griffiths a également attiré l’attention sur les besoins en Birmanie, en Ukraine qui traverse un «hiver désespéré» avec la perspective d’une intensification de la guerre, et au Soudan qui, selon lui, n’obtient pas l’attention qu’il mériterait de la part des capitales occidentales. Concernant le Venezuela, le responsable onusien a dit espérer que le dialogue politique permettra de débloquer les avoirs gelés et constituera un «très bon exemple de dialogue menant à des récompenses sociales».

En Afghanistan, il a estimé que si des investissements économiques pouvaient être réalisés sans perdre de vue les droits de l’Homme, la communauté internationale pourrait éviter une famine potentielle à moindre coût. Les besoins liés aux effets du changement climatique sont également de plus en plus importants. «Il ne fait aucun doute que le climat entre en concurrence avec les conflits en tant que moteur des besoins», constate-t-il. «Le climat déplace plus d’enfants maintenant que les conflits. Il n’en a jamais été autant ainsi par le passé».