Après le PDG émirati d’une compagnie pétrolière à la tête de la COP28, voici une autre nomination qui fait recracher son café. Le ministre qatari du Travail Ali Ben Samikh Al-Marri a été nommé ce lundi 5 juin à la présidence de la conférence annuelle de l’Organisation internationale du travail (OIT), une agence de l’ONU.
Comme le veut la coutume, le nom du ministre du Travail du Qatar, qui occupait le poste de vice-président l’an dernier, a été officiellement présenté par la présidente du groupe réunissant les gouvernements. Le groupe patronal a appuyé sa nomination sans faire de commentaire.
Le groupe syndical a également soutenu sa nomination mais sa présidente, Catelene Passchier, a tenu à souligner que «le Qatar a fait l’objet ces dernières années d’un examen […] de l’OIT concernant les violations des droits fondamentaux d’un grand nombre de travailleurs migrants à l’approche de la Coupe du monde de football» organisée dans ce pays l’an dernier. «Nous devons reconnaître», a affirmé cette syndicaliste néérlandaise, que le Qatar s’est depuis engagé auprès de l’OIT et d’autres organisations à mener «des réformes» et «des améliorations ont été apportées sur le terrain».
Analyse
Le Qatar a été critiqué sur la question des droits humains, notamment le traitement réservé aux travailleurs migrants d’Asie du Sud et d’Afrique, mais a démenti que des milliers d’entre eux aient trouvé la mort sur les chantiers du Mondial. Après l’événement, «des syndicats ont exprimé de sérieux doutes quant à l’engagement du Qatar» pour faire respecter les droits des travailleurs migrants, a relevé Catelene Passchier.
«Cela a conduit ces dernières semaines et ces derniers jours à des conversations approfondies» avec le Qatar, en partie sous la direction de l’OIT, a-t-elle fait valoir, félicitant le Qatar «d’avoir renforcé son engagement auprès de l’OIT et du mouvement syndical international». Mais elle a souligné l’importance d’accélérer les réformes.
Prenant ensuite la parole, le ministre du Travail du Qatar a souligné que son pays avait notamment introduit un salaire minimum et amélioré les conditions des travailleurs domestiques. «Nous savons qu’il y a encore du travail à faire et nous nous engageons à le faire», tout en affirmant que le dialogue social serait adapté à la «réalité» du pays, a-t-il dit. Realpolitik quand tu nous tiens.