L’Ukraine accuse Trump d’«alimenter l’appétit de Poutine»
Au soir de la première réunion entre émissaires russes et américains sous l’égide de l’Arabie saoudite, Kyiv a fait savoir toute son irritation à l’égard du président américain. Commentant les derniers échanges entre les deux puissances, un haut responsable ukrainien a ainsi accusé Donald Trump d’«alimenter l’appétit de Poutine». Signe de tensions, le président ukrainien a décidé d’annuler sa venue à Riyad, prévue de longue date au lendemain des pourparlers. «Nous n’étions pas invités à cette réunion russo-américaine. Je ne veux pas qu’il y ait de coïncidence, donc je ne me rendrai pas en Arabie saoudite.»
Américains et Russes en pourparlers à Riyad, sous le regard inquiet de Kyiv et des Européens
De hauts responsables américains et russes, dont les chefs de la diplomatie des deux pays, ont entamé ce mardi une réunion à Riyad. L’objectif : tenter de relancer une relation au plus bas depuis le début du conflit en Ukraine. Ni Kyiv ni les Européens n’ont été conviés à cette rencontre, la première à ce niveau et dans un tel format depuis l’invasion russe le 24 février 2022. Aucune poignée de main devant les caméras ni déclarations à la presse n’ont été faites avant le début de la rencontre. Mais à la sortie, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a cherché à assurer les dirigeants européens en affirmant que tout le monde devra avoir une place à la table des négociations sur l’Ukraine y compris l’UE. «Il y a d’autres parties qui ont des sanctions (contre la Russie), l’Union européenne devra être à la table à un moment donné parce qu’ils ont aussi des sanctions», a-t-il dit à la presse.
Vladimir Poutine se dit «prêt» à négocier avec Zelensky «si nécessaire»
Le Kremlin a rapporté ce mardi que le président russe serait «prêt» à négocier avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky «si nécessaire». Après quasiment trois ans d’offensive de l’armée de Moscou en Ukraine et en pleine accélération des discussions autour du règlement du conflit. Malgré les affirmations de Vladimir Poutine, pour le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, «le cadre juridique des accords doit être discuté en tenant compte de la réalité». C’est ce qu’il a souligné en faisant référence au manque de «légitimité», selon Moscou, du dirigeant ukrainien car son mandat a officiellement expiré en mai 2024. La loi martiale en vigueur en Ukraine depuis février 2022 exclut toutefois la tenue d’élections.
Oui à l’UE, non à l’Otan
«Un règlement à long terme, un règlement viable est impossible sans un examen global des questions de sécurité sur le continent» européen, a affirmé le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, interrogé lors de son briefing quotidien. Fin 2021, la Russie avait déjà réclamé de redessiner l’architecture de la sécurité européenne, et un retrait des forces de l’Otan d’Europe orientale. Peu après avoir vu ces revendications rejetées, Moscou a déclenché l’assaut contre l’Ukraine. Ce mardi, lors de ce même briefing, la Russie s’est exprimée sur la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, balayant toute éventualité qu’elle ne rejoigne l’alliance atlantique. «C’est complètement différent lorsqu’il s’agit de questions de sécurité et d’alliances militaires. Notre approche est ici différente et bien connue.» Dans un même temps, Moscou a reconnu le «droit souverain» de l’Ukraine à adhérer à l’Union européenne. «Personne n’a le droit de dicter sa conduite à un autre pays», a affirmé Dmitri Peskov.
L’Union européenne veut «faire équipe» avec Washington pour une «paix» juste en Ukraine
Ce mardi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré sur X que l’Union européenne souhaitait «faire équipe» avec les Etats-Unis afin d’obtenir une paix «juste et durable» en Ukraine. Des propos tenus après sa rencontre avec l’envoyé spécial du président Donald Trump, Keith Kellogg. Ce dernier est attendu à Kyiv demain, et a déjà prévenu qu’il ne jugeait pas «souhaitable» que les Européens prennent place à la table des négociations sur l’Ukraine, que Washington veut ouvrir avec Moscou. Pour Ursula von der Leyen toutefois, «le moment est crucial. Financièrement et militairement, l’Europe a contribué plus que n’importe qui d’autre. Et nous allons intensifier nos efforts.» Devant Keith Kellogg, elle a souligné la volonté de l’Union européenne «d’accroître» sa production et ses dépenses d’armements, «en renforçant à la fois les capacités militaires européennes et ukrainiennes».