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Libération
Reportage

A Alep en Syrie, «nous sommes unis par notre haine d’Assad»

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Après la chute du régime, une ville nouvelle est en train d’éclore le long de l’ancienne ligne de front, qui a longtemps coupé la cité en deux réalités spatiales, économiques et politiques.
Une rue d'Alep est, près de l'intersection Boustan al-Qasser, le 29 décembre 2024. (William Kéo /Libération)
par Wilson Fache et Karam Al-Hindi, envoyés spéciaux à Alep
publié le 30 décembre 2024 à 15h00
(mis à jour le 30 décembre 2024 à 15h34)

La rue Bustan al-Qasr a longtemps été surnommée le «passage de la mort». Et pour cause : des tireurs embusqués prenaient régulièrement pour cible les civils qui osaient s’aventurer sur cet axe routier qui constituait, durant la guerre, la seule porte entre Alep-Est, sous contrôle de l’opposition, et Alep-Ouest, sous domination du régime de Bachar al-Assad. Malgré le danger, des dizaines, des centaines d’habitants des deux Alep empruntaient quotidiennement cette route pour rendre visite à des proches, acheter des vivres ou se rendre au travail et à l’université. «Chaque jour, au moins deux ou trois personnes étaient fauchées par les snipers», rappelle un restaurateur du quartier.

L’endroit est aujourd’hui méconnaissable. Un grand panneau publicitaire pour un lycée privé fait de l’ombre à une école calcinée. Des vendeurs ambulants se partagent le trottoir tandis que des dizaines de véhicules se livrent un combat acharné sur la route en faisant hurler leurs klaxons, jusqu’à ce qu’un combattant rebelle à mobylette ne finisse, distrait et désolé, par percuter un taxi jaune.

Imperturbable malgré le chaos ambiant, Abou Nasser co