Jeudi soir, c’est la première fois que les militants juifs s’enfoncent autant dans Cheikh Jarrah. Plusieurs dizaines d’entre eux débarquent sur un carrefour en patte d’oie. D’un côté, la rue Naplouse, qui mène jusqu’à la porte de Damas. De l’autre, la rue Salah ed-Din, voie commerçante, qui plonge vers la porte d’Hérode. Les deux sont les voies d’accès privilégiées à l’esplanade des mosquées, très fréquentée en cette fête de l’Aïd. Les Palestiniens musulmans dînent en famille. Yazan Zayyed, jeune colosse de 23 ans, est venu rendre visite à son père, dont la maison donne sur le carrefour. Il sait les vives tensions qui agitent Jérusalem et préfère partir tôt, vers 23 heures. Il récupère la voiture, la gare en bas de la porte, et sort chercher sa femme. C’est alors qu’il aperçoit des ombres vêtues de noir.
Quelques heures plus tôt, un message avait circulé sur les groupes de discussion, appelant à descendre dans la rue, et clamant : «Arabes interdits. Un bon terroriste est un terroriste mort.» Le mot n’est pas signé, mais l’on soupçonne des groupes d’extrême droite affiliés aux supporteurs du club de football d