Un petit groupe d’étudiants se presse à l’entrée du site, les uns dissipés, les autres attentifs, tous le téléphone à la main, et pour chacun, son selfie. Ils sont accueillis par Naama al-Sawarqa, 26 ans, d’origine bédouine. La jeune femme donne les premières explications et la visite commence par le «pavement du paradis», une merveilleuse mosaïque représentant des animaux – paon, faisan, gazelle, cheval…. Elle possède parfaitement son sujet : «Je suis venue une première fois il y a dix ans. Ça m’a donné envie d’en savoir plus, alors j’ai étudié l’histoire. Pour moi, ce monastère est un site palestinien, avant d’être chrétien ou musulman. D’ailleurs, les deux religions ont cohabité ici.»
C’était par là que, il y a un peu plus de 1 500 ans, les pèlerins accédaient au sanctuaire – le symbole de l’entrée dans une nouvelle religion. Naama fait partie des quelque cinquante personnes, dont quinze femmes, qui travaillent sur le site. Tous Gazaouis, ces ouvriers, artisans, étudiants relèvent les ruines du plus grand et plus ancien monastère de Palestine. Le site bruisse comme un chantier en pleine activité. Les marteaux cognent, les scies crissent. Dans un coin, on taille des pierres. Dans l’autre, à l’abri d’un auvent, des jeunes femmes reconstituent un puzzle de mosaïque vieux de plus d’un millénaire et demi. Un peu plus loin, deux autres analysent des morceaux de charbon pour reconstituer le bol alimentaire d’un visiteur du monastère de Saint-Hilarion pendant les trois sièc