Des rues éclairées, des magasins aux étals remplis, des kiosques en bois où l’on sert du café et des gâteaux, des bornes wifi, des restaurants au marbre brillant où s’activent de jeunes serveurs aux mains gantées. Dans la Syrie post-Assad, la ville d’Idlib (nord-ouest) est une anomalie. Animée, propre, reconstruite en grande partie, elle offre une qualité de vie inédite dans un pays ravagé où les cités en ruines, qu’il faudra probablement raser avant de pouvoir espérer les reconstruire, sont la norme. Voilà pour la surface. Mais en dessous ? Hayat-Tahrir al-Sham (HTS), le groupe islamiste qui contrôle la province d’Idlib, où vivent environ quatre millions d’habitants, est-il en mesure de gouverner la Syrie depuis qu’il a chassé le régime Assad début décembre au terme d’une offensive fulgurante ?
Obeid (1), un activiste d’Idlib, peine à répondre. «Disons qu’ils représentent le meilleur du pire, ou le pire du meilleur, je ne sais pas. Même si évidemment, rien ne peut être pire que le régime de Bachar al-Assad.» Il connaît bien HTS, il a discuté avec ses chefs et les a vus prendre le pouvoir dans la ville et la province