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Guerre

A Jénine, un quatrième raid israélien en attendant une opération plus massive

Guerre au Proche-Orientdossier
Depuis le début de la guerre avec le Hamas il y a un mois, l’armée israélienne est intervenue pour la quatrième fois dans la ville de Cisjordanie et son camp de réfugiés jeudi 16 novembre. L’attaque, qui a fait entre 3 et 5 morts, laisse présager aux habitants inquiets une opération plus large.
Des véhicules des forces israéliennes circulaient à Jénine jeudi 16 novembre. (Fadel Senna/AFP)
par Nicolas Rouger, correspondant à Tel-Aviv
publié le 17 novembre 2023 à 11h58

Une énième opération «de contre-terrorisme». Les forces israéliennes ont investi la ville de Jénine et le camp de réfugiés adjacent vers 22 h 15 heure locale jeudi 16 novembre. Des bulldozers blindés ont labouré les rues pour prévenir aux objets explosifs. Au moins une frappe aérienne a touché un groupe armé. Selon la police israélienne, dont l’unité militarisée a mené cette opération, «au moins cinq terroristes ont été éliminés». Les Palestiniens, eux, évoquent un bilan de trois morts. Huit personnes auraient aussi été arrêtées.

Humiliation et violence

C’est la quatrième opération de grande ampleur en un peu plus d’un mois dans cette ville du nord de la Cisjordanie, connue historiquement pour son attachement à la lutte armée. Le niveau de destruction est inquiétant, et la fréquence empêche les résidents de reconstruire. Les bulldozers israéliens ont déjà détruit tous les symboles de nationalisme palestinien, ajoutant l’humiliation à la violence.

La cible est la brigade du camp de Jénine, qui compte des membres affiliés à toutes les factions palestiniennes mais dont l’allégeance reste au camp et à la ville. Elle ne compte que quelques centaines d’hommes tout au plus, au milieu de 15 000 civils, presque tous réfugiés de la région d’Haïfa. Depuis le mois dernier, Israël a lâché des flyers sur le camp, avertissant les habitants de ne pas communiquer avec la milice.

Inquiétude au quotidien

Après le dernier raid, ils ont aussi collé des affiches les enjoignant à collaborer. Les opérations semblent cibler certains quartiers, ouvrir de nouveaux corridors, autant de signes que «quelque chose de plus massif arrive», affirme un résident du camp, traduisant l’inquiétude qui est devenue leur quotidien. «Depuis le dernier raid, deux tiers du camp va dormir ailleurs la nuit, par peur», explique l’homme.

Les forces israéliennes se sont finalement retirées ce vendredi matin vers 6 heures. Les funérailles ont eu lieu à peine six heures plus tard. Comme c’est toujours le cas, le cortège a été accompagné de tirs de mitraillettes, de slogans à la gloire de Dieu. Des drapeaux du Hamas, du Jihad islamique et du Fatah volaient de concert. «A Jenine, on ne s’engage pas dans la lutte dans l’espoir de voir une Palestine libre», disait avec clairvoyance un jeune habitant du camp il y a quelques semaines, «tu prends les armes parce que ton frère ou ton cousin est mort».