Cheikh Jarrah était tel un volcan endormi. Avant que ses rues ne soient imbibées, émeute après émeute, de «jus de putois» (en hébreu), ce spray putride qui donne des haut-le-cœur migraineux des jours durant, ce quartier vallonné de Jérusalem-Est pouvait laisser au passant non averti une impression de quiétude. Jolis portails en fer forgé, capiteux jardins d’arbres fruitiers, demeures de trois étages couleur crème, écoliers en uniforme sur le trottoir, garagistes alanguis, diplomates en costard sortant de la luxueuse oasis qu’est l’American Colony…
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D’ordinaire, on venait chercher dans ce bastion de l’élite palestinienne, nommé après un chirurgien de Saladin, un moment de répit, à deux pas du cœur nucléaire du conflit. La Vieille Ville, si loin et si proche, juste de l’autre côté des remparts de la porte de Damas. On cherchait une table libre à l’Ambassador Hotel où se déroulèrent tant de conciliabules stériles pour coucher quelques feuillets de la colère qui gronde à intervalle régulier tout autour. Cette fois, l’endormi Cheikh Jarrah en est l’épicentre. Sous les fenêtres des consuls.
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Bien sûr, au coin d’une route escarpée, on avait aperçu les colons en papillotes et habits noirs