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Reportage

A la frontière entre l’Iran et la Turquie, «c’est dur d’imaginer que notre vie va complètement changer»

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De nombreux Iraniens tentent de traverser la frontière pour fuir les bombardements. Ils oscillent entre critique de leur gouvernement et colère contre l’attaque américaine.
Au poste-frontière de Kapiköy, entre la Turquie et l'Iran, le lundi 23 juin. (Su Cassiano/Libération)
par Alexandre Billette et Photos Su Cassiano
publié le 23 juin 2025 à 19h52

Par petits groupes, ils sortent d’un long couloir qui émerge du bâtiment des gardes-frontières, matérialisant le passage de l’Iran à la Turquie ; puis, ils prennent quelques minutes de pause avant de poursuivre leur route sous une forte chaleur, en taxi ou en minibus. Depuis vendredi 20 juin, des milliers d’Iraniens sont ainsi arrivés chaque jour au poste de Kapiköy, dans une zone aride et montagneuse, située à une centaine de kilomètres de la ville de Van, dans l’extrême est de la Turquie.

«Je suis épuisé», dit Ben (1), 30 ans, en laissant échapper un rire nerveux de soulagement. Il est arrivé de Mashhad, ville de l’Est iranien, avec une amie et son enfant. Un voyage qu’ils ont mis trois jours à effectuer en bus, en passant par Téhéran. Mais pour ce vétérinaire, hors de question de rester alors que les bombardements israéliens «visaient non seulement des cibles militaires, mais aussi des appartements de civils. J’espère que le régime des mollahs va tomber, un jour… Mais c’était la pire façon de nous aider. Le peuple iranien ne pardonnera jamais ces bombardements, et ne pardonnera jamais que les Etats-Unis aient pris le risque d’un nouvel Hiroshima en bombardant des installations nucléaires». C’est grâce à son visa qatari que Ben a pu quitter le pays, car les autorités de Téhéran n’autorisent la sortie qu’aux ressortissants qui possèdent une autre nationalité, ou qui ont déjà en main le visa d’un pays tiers en bonne et due forme. Résultat, les Iraniens qui émerg