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A l’ONU, l’approbation d’un «cessez-le-feu immédiat» à Gaza augmente la pression sur Israël

Prenant le relais d’un Conseil de sécurité paralysé, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution réclamant un cessez-le-feu. Mais le texte, non-contraignant, ne condamne pas le Hamas. Israël et les Etats-Unis ont voté contre.

Dans les décombre d'un immeuble détruit à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, mardi. (Hatem Ali/AP)
Publié le 13/12/2023 à 9h47

La pression internationale monte contre Israël, avec l’appel, mardi 12 décembre au soir, à une écrasante majorité de l’Assemblée générale des Nations Unies à un «cessez-le-feu humanitaire» dans la bande de Gaza soumise à des conditions humanitaires chaque jour plus terribles. Et pour la première fois depuis le début de la guerre, le président américain Joe Biden a critiqué publiquement le gouvernement israélien pour son opposition à une «solution à deux Etats» et l’a mis en garde contre une érosion du soutien de l’opinion publique mondiale à cause de ses bombardements «aveugles» sur Gaza.

Prenant le relais d’un Conseil de sécurité paralysé, l’Assemblée générale de l’ONU a donc réclamé mardi «un cessez-le-feu humanitaire immédiat», dans une résolution adoptée par 153 voix pour, 10 contre, et 23 abstentions. Mais le texte, non-contraignant, ne condamne pas le Hamas, une absence fustigée par Israël et les Etats-Unis qui ont voté contre.

«Pourquoi est-ce si difficile de dire sans équivoque que tuer des bébés et abattre des parents devant leurs enfants est horrible ?», a lancé l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield. «Le temps est venu de rejeter la faute sur ceux qui le méritent, les monstres du Hamas», a insisté pour sa part l’ambassadeur israélien Gilad Erdan, répétant que selon lui, un cessez-le-feu ne ferait que renforcer le mouvement islamiste palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007. «Le message puissant de l’Assemblée générale représente un jour historique», a salué pour sa part l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour.

Des dizaines de milliers de Palestiniens dans un camp de fortune à Rafah

La population dans la bande de Gaza, où 85 % des 2,4 millions d’habitants ont été déplacés et des quartiers entiers détruits par les bombardements, vit «l’enfer sur terre», a lancé le directeur de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

Dans le sud du territoire soumis à un blocus israélien depuis plus de 15 ans et à un siège total depuis deux mois, de nouveaux raids meurtriers ont visé mardi Khan Younès et Rafah. Des frappes sur deux maisons à Rafah ont fait 24 morts, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Après avoir fui leurs maisons dans le nord puis leurs abris à Khan Younès, des dizaines de milliers de Palestiniens s’abritent désormais à Rafah, plus au sud, devenue un gigantesque camp comptant des centaines de tentes montées avec des bouts de bois, des bâches en plastique et des draps.

Depuis le siège imposé le 9 octobre à Gaza, Israël contrôle l’entrée de l’aide internationale dans le territoire via l’unique point de passage ouvert de Rafah, avec l’Egypte. Selon l’agence de l’ONU chargée de la coordination humanitaire (Ocha), 100 camions transportant de l’aide sont entrés depuis lundi soir via Rafah.