A Sderot, la nuit est tombée. Les vestiges des attaques de cette journée du samedi 7 octobre jonchent encore le sol des rues. Le banc d’un arrêt de bus est noir de sang, une sandale, seule, est abandonnée. Un trentenaire passe, la kippa vissée sur la tête - il fait partie de la communauté des Bnei Menashe, cette tribu juive perdue dans le nord-est de l’Inde, aujourd’hui presque tous relégués par l’Etat hébreu, qui leur fournit des logements sociaux, dans des zones à risque, dans la colonie de Kiryat Arba, à côté d’Hébron, ou ici à Sderot.
L'essentiel
Dans cette ville de 27 000 habitants tout en brutalisme bétonnée années 60, collée à Gaza et rompue aux barrages de roquettes, vit le petit peuple israélien de la «périphérie» - russophones, ultraorthodoxes, modestes retraités… «Je passais devant le supermarché et mon fils de six ans m’a dit : regarde, il y a des morts dans la voiture», raconte l’homme en kippa. Il rentrait à pied de la synagogue en ce jour de fête juive.
Des bus publics ont été réquisitionnés pour amener dans la zone des dizaines de soldats israéliens. Ils sont jeunes, très jeunes. Et, malgré leur équipement sophistiqué, la peur est perceptible. Soudain, une voiture s’arrête, le passager lance : «C’est où, le 6 rue Bar-Lev ?» Il n’y a pas de r