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Libération
Guerre Hamas-Israël

A Tel-Aviv, dans un quartier touché par une roquette : «A quelques mètres près, j’aurais pu être tué»

Guerre à Gazadossier
Vendredi après-midi, une roquette du Hamas est tombée sur un petit immeuble résidentiel d’un quartier populaire de l’est de Tel-Aviv, sans faire de victimes. De quoi alimenter les doutes sur la défense antiaérienne de l’Etat hébreu dans la capitale.
Le bâtiment frappé par une roquette tirée depuis Gaza, à Tel-Aviv, vendredi 27 octobre. (Oded Balilty/AP)
publié le 27 octobre 2023 à 21h22

«J’habite juste ici, à côté, dans l’immeuble qui jouxte celui qui a été touché. J’étais chez moi quand j’ai entendu un énorme “boum”. On n’a pas d’abri, alors j’ai dévalé les escaliers à toute vitesse. Et je ne suis pas remontée depuis, explique Tzipi, âgée d’une soixantaine d’années, en tongs et en short délavé. Elle ne quitte pas des yeux le petit immeuble voisin, très abîmé par une roquette du Hamas ce vendredi 27 octobre. «J’ai eu tellement peur, regardez, mes mains tremblent encore.»

Aux alentours de 15 heures, les alarmes se sont mises à retentir dans Tel-Aviv, alertant d’une attaque aérienne du Hamas depuis la bande de Gaza. Les habitants du quartier de Haargazim sont habitués à voir passer les projectiles chaque jour au-dessus de leur tête du sud au nord, mais ils ont confiance dans la capacité du système antiaérien Dôme de fer à les intercepter à temps, ils ne se soucient plus des alarmes.

Qu’une roquette puisse tomber sur ce petit immeuble résidentiel de quatre étages au beau milieu de la ville, dans ce quartier populaire de l’est de Tel-Aviv, choque les riverains. «J’étais descendu lire dans le jardin quand j’ai vu la roquette arriver sur le toit de l’immeuble une seconde avant l’impact. Elle était énorme, elle a traversé les deux derniers étages et a déclenché un incendie. A quelques mètres près, j’aurais pu être tué», bredouille Arthur, un autre voisin.

Bien que les habitants n’aient eu que leur salle de bains dans laquelle se cacher, le bilan de l’attaque est léger : seuls un chien et un chat seraient morts, et trois personnes âgées de 20, 30 et 70 ans, intoxiquées par les fumées, ont été emmenées à l’hôpital.

Cendres mouillées

Sur le trottoir, un jeune orthodoxe, visage fermé, fixe l’immeuble déserté et noirci. Le soleil se couche. Une forte odeur de cendres mouillées flotte sur le carrefour, cerné par les rubalises de la police. En un temps record, l’incendie a été éteint, une grue a retiré la roquette, les débris de l’explosion ont été évacués, des engins s’affairent à nettoyer la rue. Des bus sont venus in extremis chercher les habitants de l’immeuble touché : dans ce quartier habité majoritairement par des juifs religieux, ils auraient refusé de monter dans un véhicule une fois la nuit tombée, pour respecter le shabbat.

En deux jours, c’est la troisième fois qu’une roquette touche de près la ville. Jeudi, une autre est tombée sur une ville de banlieue, puis une troisième, sans exploser, a heurté un toit. Des habitants se demandent si les batteries antiaériennes, censées arrêter 95 % des roquettes envoyées par le Hamas, n’ont pas été déplacées vers le nord, à la frontière avec le Liban, théâtre de tensions avec le Hezbollah.