A l’hôpital Hiram de Tyr, dans le sud du Liban, les traits du personnel sont creusés par l’épuisement et à l’usure. «Depuis deux semaines on dort tous ici, dans l’hôpital», raconte le docteur Bashar dans le silence pesant d’un service de réanimation. Face à lui, une rangée de jeunes hommes mourants, sous respirateurs, leurs visages confondus dans les bandages ensanglantés et les pansements. «Ils ont été repêchés sous les décombres de leur maison, confie le médecin en regardant le lit d’un jeune homme d’une vingtaine d’années. Lui et les autres n’ont pas de noms… ils n’ont pas leurs papiers d’identité sur eux. On les récupère juste ici entre la vie et la mort.» A côté de lui, un autre anonyme, en nage, se bat pour respirer. Le docteur regarde impuissant son moniteur clignoter en rouge et sa poitrine faire des bonds. «Certains n’ont que peu d’espoir», ajoute-t-il à mi-voix.
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Un seul homme dans le service n’est pas intubé. Il a été le seul à pouvoir dire son nom : Mohammad. «Mais il y a deux jours encore, il ne pouvait que crier», dit un infirmier. Comme tous ici, Mohammad a été tiré des décombres de sa maison après une frappe israélienne. Il respire encore, doit lutter pour prononcer quelques mots du bout de ses lèvres bleues et ensanglantées. Ma