Le président de la République a redit ce lundi vouloir inspirer des pays à reconnaître un Etat palestinien et Israël, lors de la conférence des Nations unies que la France coprésidera avec l’Arabie saoudite en juin à New York. «Ce que nous voulons déclencher c’est une série d’autres reconnaissances [d’un Etat palestinien, ndlr] mais aussi la reconnaissance d’Israël par des Etats qui aujourd’hui ne le font pas», a-t-il réaffirmé lors de la visite d’une exposition consacrée à Gaza à l’Institut du monde arabe à Paris, ajoutant qu’il s’entretiendrait à ce sujet mardi avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou.

Lors d’un échange téléphonique ce lundi, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et Emmanuel Macron ont convenu de la «nécessité urgente d’un cessez-le-feu» à Gaza, a rapporté l’agence de presse officielle palestinienne Wafa. Les deux hommes ont également insisté sur «l’accélération de la livraison de l’aide humanitaire, le rejet du déplacement du peuple palestinien de son territoire et la prise en charge de Gaza par l’Autorité palestinienne», a relaté l’agence. «Les deux dirigeants ont également souligné l’importance de mettre en œuvre le plan arabe de redressement rapide et de reconstruction (de Gaza), tout en garantissant la présence des Palestiniens sur leur terre.»

Peu après cette discussion, Emmanuel Macron a expliqué sur X qu’il fallait «écarter» le Hamas à Gaza et «réformer» l’Autorité palestinienne afin d’«avancer vers la solution politique à deux Etats», israélien et palestinien. «Il est essentiel de bâtir un cadre pour le jour d’après : désarmer et écarter le Hamas, définir une gouvernance crédible et réformer l’Autorité palestinienne», a précisé le président français. Cette conversation entre les deux dirigeants survient au lendemain de critiques du Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou concernant la position du président français sur la question palestinienne.

Une enveloppe de 1,6 milliard d’euros, étalée jusqu’à 2027 : l’Union européenne a annoncé ce lundi une aide financière sur deux ans, dont plus de la moitié est destinée à renforcer l’Autorité palestinienne. «Nous renforçons notre soutien au peuple palestinien. 1,6 milliard d’euros jusqu’en 2027 aideront à stabiliser la Cisjordanie et Gaza», a confirmé sur X la cheffe de la diplomatie européenne, l’Estonienne Kaja Kallas. Dans le détail, quelque 620 millions d’euros sous forme de dons sont destinés au budget de l’Autorité palestinienne et 576 millions pour des projets économiques en Cisjordanie et à Gaza, une fois que la situation leur permettra, a précisé l’UE. Des prêts à hauteur de 400 millions d’euros, via la Banque européenne d’investissements, sont également prévus. La Commission européenne a annoncé par ailleurs vouloir lancer une plateforme réunissant des donateurs pour mobiliser davantage de fonds en faveur des Palestiniens.

La situation humanitaire dans l’enclave palestinienne «est maintenant probablement la pire depuis le début des hostilités il y a 18 mois», entre Israël et le Hamas, a prévenu lundi le Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) dans un communiqué. L’Ocha notant que les derniers passages d’approvisionnement autorisés dataient d’un mois et demi, «soit la plus longue interruption à ce jour».

Un haut dirigeant du Hamas a affirmé lundi que le mouvement palestinien était prêt à libérer tous les otages israéliens en échange notamment de garanties qu’Israël mettra fin à la guerre dans la bande de Gaza. Une délégation du Hamas s’est rendue ce week-end au Caire pour des discussions avec des responsables de l’Egypte et du Qatar qui, avec les Etats-Unis, conduisent une médiation en vue d’une trêve dans le territoire palestinien. «Nous sommes prêts à libérer tous les (otages) israéliens dans le cadre d’un véritable accord d’échange de prisonniers, et en échange de la cessation de la guerre, du retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza et de l’entrée d’aide humanitaire», a déclaré Taher al-Nounou, un dirigeant du Hamas. Il a accusé l’Etat hébreu d’entraver les progrès vers un cessez-le-feu. «Le problème ne réside pas dans le nombre» d’otages à libérer, a-t-il dit, «mais plutôt dans le fait qu’(Israël) revient sur ses engagements, bloque la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu et poursuit la guerre».

Mise à jour à 19h36 avec l’ajout de la déclration d’Emmanuel Macron à l’Institut du monde arabe.