Cela fait plus de deux ans que les journalistes étrangers couvrent le drame humanitaire de Gaza sans pouvoir pénétrer dans l’enclave. Ce jeudi 23 octobre, les juges de la Cour suprême israélienne devaient statuer sur une demande émise par la presse étrangère à Jérusalem (FPA) : un accès immédiat pour les journalistes dans la bande de Gaza, toujours assiégée par Israël.
Estimant que la «situation a changé» depuis l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu le 10 octobre, les juges israéliens demandent un délai supplémentaire de 30 jours. Côté journaliste, on déplore ce report. La FPA s’est dite «déçue par la décision de la Cour suprême d’accorder à l’Etat d’Israël encore un nouveau délai», selon un communiqué publié après l’audience.
L’association de la presse étrangère espère néanmoins que le tribunal se montrera ferme «contre de nouveaux retards de l’État». Et d’ajouter : «L’État a une fois de plus aujourd’hui utilisé des tactiques dilatoires pour empêcher l’entrée des journalistes» à Gaza, juge l’association de journalistes.
Selon l’association, le gouvernement israélien empêche les journalistes de «remplir leurs devoirs journalistiques» et entrave «le droit du public à l’information».
Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont verrouillé l’accès à Gaza. Les soldats de Tsahal empêchent méthodiquement les journalistes de médias étrangers d’entrer de manière indépendante dans l’enclave palestinienne dévastée. L’armée n’a délivré des autorisations qu’au cas par cas, pour une poignée de reporters, toujours encadrés par les troupes israéliennes.
«Il est grand temps qu’Israël lève le blocus et nous laisse faire notre travail aux côtés de nos collègues palestiniens», avait rappelé Tania Kraemer, présidente de la FPA, dans un communiqué publié en amont de l’audience.
Médias
Au cours des deux années écoulées, la FPA a demandé à plusieurs reprises d’accéder à Gaza. «Ces demandes ont été ignorées à maintes reprises, tandis que nos collègues palestiniens ont risqué leur vie pour fournir sans relâche des reportages courageux depuis Gaza», pointe l’association.
«Une violation sans précédent de la liberté de la presse»
L’organisation Reporters sans frontières (RSF) s’est jointe à la requête déposée par la FPA. La guerre a causé la mort de plus de 210 journalistes palestiniens dans le territoire, a souligné mardi 22 octobre Antoine Bernard, directeur du plaidoyer et de l’assistance à RSF. «Le résultat est une violation sans précédent de la liberté de la presse et du droit du public à une information fiable, indépendante et pluraliste», a fustigé Antoine Bernard.
Profil
Depuis le 10 octobre et le cessez-le-feu entré en vigueur dans la bande de Gaza, Israël a commencé à retirer ses troupes de certaines zones du territoire palestinien. Pour l’heure, les médias sont toujours interdits d’entrée.