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Guerre Israël-Hamas

Plan de cessez-le-feu à Gaza : des ministres d’extrême droite menacent de quitter le gouvernement, des milliers d’Israéliens dans la rue

Guerre au Proche-Orientdossier
Les médiateurs qataris, américain et égyptien ont appelé samedi Israël et le Hamas palestinien à «finaliser» l’accord de cessez-le-feu présenté par Joe Biden alors que Benyamin Nétanyahou est sous pression dans son pays.
Des milliers d'Israéliens rassemblés à Tel Aviv en faveur d'un cessez-le-feu à Gaza, du retour des prisonniers israéliens dans leurs foyers et d'élections anticipées, le 1er juin 2024. (MOSTAFA ALKHAROUF/Anadolu via AFP)
publié le 2 juin 2024 à 8h49

Surtout ne pas laisser échapper un espoir de paix. «En tant que médiateurs dans les discussions pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages et des détenus, le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte appellent conjointement le Hamas et Israël à finaliser l’accord sur la base des principes énoncés par le président Joe Biden», selon un communiqué commun publié au Caire et à Doha. Le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte sont engagés depuis des mois dans des pourparlers visant à obtenir un accord de trêve dans la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza. Mais les négociations ont été interrompues début mai lorsque Israël a lancé des opérations terrestres à Rafah, dans le sud du territoire.

Le président américain Joe Biden a déclaré vendredi qu’Israël proposait une nouvelle feuille de route en trois étapes vers un cessez-le-feu complet, avec la libération des otages détenus dans la bande de Gaza. Selon la déclaration commune des trois pays médiateurs, les principes énoncés dans le discours de Joe Biden «ont permis de regrouper les exigences de toutes les parties dans un accord qui sert de nombreux intérêts». «Cet accord offre une feuille de route pour un cessez-le-feu permanent et la fin de la crise», a-t-elle ajouté.

Quelques heures après la déclaration de Joe Biden, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a tenu à réaffirmer par deux fois les «conditions» d’Israël pour un cessez-le-feu permanent dans le cadre de ce plan : la «destruction» du Hamas, la «libération de tous les otages» et «l’assurance que Gaza ne posera plus de menace» à l’Etat israélien. Et le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, s’est contenté de dire qu’il considérait «positivement» la feuille de route annoncée par M. Biden, après avoir réitéré ses exigences d’un cessez-le-feu permanent et d’un retrait total israélien de Gaza avant tout accord, des conditions rejetées par Israël.

Des milliers d’Israéliens dans la rue pour la libération des otages

Nétanyahou est, lui, pris entre deux feux. D’un côté, ses ministres d’extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ont menacé de quitter son gouvernement s’il acceptait l’accord. De l’autre, des milliers d’Israéliens sont à nouveau descendus dans la rue pour réclamer la libération des otages. «Biden est notre seul espoir», a déclaré à l’AFP une manifestante à Tel-Aviv, Abigail Zur. Des manifestants ont brandi une immense bannière : «Biden sauve-les de Nétanyahou». L’immense majorité des manifestants interrogés par l’AFP ont confié leurs craintes de voir Benyamin Nétanyahou mettre en péril un accord.

Dans le même temps, avec des messages sur X, Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a dit que son parti allait «dissoudre le gouvernement» si l’accord était conclu, qualifiant la proposition de «victoire pour le terrorisme et un risque pour la sécurité d’Israël». «Accepter un tel accord n’est pas une victoire totale mais une défaite totale», a-t-il ajouté. Bezalel Smotrich, ministre des Finances, a affirmé qu’il «ne prendra pas part à un gouvernement qui accepterait le plan proposé». «Nous réclamons la poursuite de la guerre jusqu’à ce que le Hamas soit détruit et que les otages reviennent», a-t-il dit sur X. Benyamin Nétanyahou a néanmoins reçu le soutien du chef de l’opposition Yaïr Lapid et celui du président Isaac Herzog qui a souligné son «plein soutien à un accord qui verrait la libération des otages […] et préserverait les intérêts sécuritaires de l’Etat».

Les bombardements à Rafah continuent

Malgré les protestations de la communauté internationale qui s’inquiète pour les civils à Rafah, l’armée israélienne, dont les forces ont progressé cette semaine jusqu’au centre de cette ville frontalière de l’Egypte, y a poursuivi leur offensive. Les opérations se concentrent dans l’ouest de la ville, dans le quartier de Tal al-Sultan, où des habitants ont signalé des raids aériens, des tirs de chars et des mouvements de véhicules militaires.

«Toute la nuit, les bombardements aériens et à l’artillerie n’ont pas cessé un instant dans l’ouest de Rafah», a témoigné à l’AFP un habitant. Des tirs d’artillerie intenses ont également été signalés par des témoins dans l’est et le centre de Rafah, où l’armée a lancé son offensive le 7 mai afin, selon elle, de détruire les derniers bataillons du Hamas. L’armée a dit y mener des «opérations ciblées» à Rafah. Ses soldats y «ont localisé de nombreuses armes et des ouvertures de tunnels souterrains».

Une réunion ce dimanche au Caire

Depuis le début de l’offensive sur Rafah, un million de personnes ont fui vers la zone côtière surpeuplée d’al-Mawasi, plus à l’ouest. La vie est devenue «apocalyptique» dans certaines zones du sud de la bande de Gaza, s’est alarmée l’ONU. Celle-ci met en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien, où la majorité des quelque 2,4 millions d’habitants ont été déplacés, et affirme qu’il n’y a plus de lieu sûr à Gaza.

Ajoutant à la catastrophe humanitaire, le passage de Rafah avec l’Egypte, crucial pour l’entrée de l’aide internationale, est fermé depuis que les forces israéliennes en ont pris le contrôle du côté palestinien le 7 mai. Une réunion consacrée à ce passage est prévue dimanche en Egypte avec les Etats-Unis et Israël, selon un média égyptien.