La province d’Al-Anbar n’est située qu’à une petite heure de route de Bagdad mais un monde semble séparer les deux lieux. Passé le dernier check-point, peu après les faubourgs de la capitale irakienne, le changement de décor est spectaculaire ; la route poussiéreuse et cahoteuse s’engouffre dans la luxuriante vallée de l’Euphrate et laisse place à un lisse ruban d’asphalte entouré de centaines d’arbres et illuminé d’une forêt de lampadaires. Dans les centres-villes de Fallouja et Ramadi, les deux principales villes de la province, les massifs de fleurs impeccablement taillés ornent le bord d’avenues que l’on traverse au moyen de passerelles d’apparence futuristes et équipées d’escalators. Les bazars grouillent de monde et les voitures, pour la plupart neuves, patientent sagement aux feux tricolores ; une rareté en Irak, même dans les quartiers huppés de Bagdad.
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Il y a quatre ans, ces mêmes lieux n’étaient pourtant plus que ruines. Tombée aux mains de Daech entre 2014 et 2016, Al-Anbar avait été vidée de sa population et saccagée par la violence des combats de reconquête menés par l’armée irakienne et la coalition internationale. Selon les estimations des autorités locales, près de 60 % de Ramadi avait été pulvérisé et Fallouja avait connu un sort comparable. «Nous avons totalement retourné la situation d’Al-Anbar», se félicite le responsable de la Commission des investissements de l’ancienne province martyr, Mahdi al-Noman. Depuis son bureau ultramoderne, l’homme aux c