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Libération
Missive

Antisémitisme : les «accusations d’inaction» de Benyamin Nétanyahou «offensent la France tout entière», rétorque Macron

Le président français estime que son initiative pour une reconnaissance de l’Etat de Palestine est une «main tendue» à Israël pour une «paix durable».
Emmanuel Macron le 18 août, et Benyamin Nétanyahou, le lendemain. (Yves Herman et Abir Sultan /AFP)
publié le 26 août 2025 à 19h51

Courrier contre courrier. Emmanuel Macron estime que les «accusations d’inaction» portées par Benyamin Nétanyahou envers la France en matière de lutte contre l’antisémitisme constituent une «offense» pour le pays «tout entier» et exhorte le Premier ministre israélien à sortir de sa «fuite en avant meurtrière» à Gaza, dans une lettre rendue publique ce mardi 26 août par le quotidien Le Monde.

«Ces accusations d’inaction face à un fléau que nous combattons de toutes nos forces sont inacceptables et offensent la France tout entière», écrit-il, estimant que cette lutte «ne saurait être un sujet d’instrumentalisation». «Je vous appelle solennellement à sortir de la fuite en avant meurtrière et illégale d’une guerre permanente à Gaza qui expose votre pays à l’indignité et votre peuple à une impasse, à cesser l’illégale et injustifiable recolonisation de la Cisjordanie», ajoute-t-il.

Le président de la République répond ainsi à une accusation portée par le Premier ministre israélien la semaine dernière. Dans un courrier officiel adressé au chef de l’Etat français, Benyamin Nétanyahou écrivait que la reconnaissance de la Palestine lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU alimentait le «feu antisémite». Il appelait également Emmanuel Macron à «remplacer la faiblesse par l’action, l’apaisement par la volonté» et lui demandait de le faire d’ici au nouvel an juif, le 23 septembre.

Des antisémitismes qui «viennent de loin»

Les actes antisémites sont en nette progression en France depuis le 7 Octobre 2023, date des attaques sans précédent du Hamas contre Israël et du déclenchement de la guerre à Gaza. Entre janvier et juin 2025, 646 actes antisémites ont été recensés, soit 27,5 % de moins que sur la même période en 2024, mais toujours 112,5 % de plus que ceux enregistrés au premier semestre 2023, selon des chiffres diffusés lundi par le ministère de l’Intérieur.

Le chef de l’Etat français souligne dans sa réponse qu’il «demeure et demeurera garant de l’impérieuse nécessité de combattre cette abomination, partout et toujours». «Les antisémitismes de notre pays viennent de loin, ont longtemps été nourris par l’extrême droite, sont aujourd’hui aussi alimentés par l’extrême gauche qui essentialise la communauté juive et soutient la haine contre cette dernière», pointe-t-il encore.

Emmanuel Macron estime que son initiative diplomatique pour une reconnaissance de l’Etat de Palestine est une «main tendue» à Israël pour une «paix durable» dans la région et rejette aussi toute accusation de soutien, à travers ce processus, au mouvement islamiste palestinien Hamas.

«Fuite en avant meurtrière»

«Je vous appelle solennellement à sortir de la fuite en avant meurtrière et illégale d’une guerre permanente à Gaza qui expose votre pays à l’indignité et votre peuple à une impasse, à cesser l’illégale et injustifiable recolonisation de la Cisjordanie et à saisir la main tendue des partenaires internationaux disposés à travailler à un avenir de paix, de sécurité et de prospérité pour Israël et la région», poursuit-il.

Selon lui, «l’Etat palestinien doit constituer la fin du Hamas». «C’est aujourd’hui la seule manière d’éradiquer réellement le Hamas et d’éviter à la jeunesse israélienne de se consumer dans une guerre permanente, dévastatrice pour les Palestiniens de Gaza, mais également pour Israël et la région tout entière», relève-t-il encore.

Israël n’est pas le seul pays à avoir été courroucé par cette initiative du Président. Lundi, l’ambassadeur américain en France a été convoqué au ministère des Affaires étrangères après des critiques jugées inacceptables par Paris du chargé d’affaires américain Charles Kushner sur «l’absence d’action suffisante» contre l’antisémitisme. Dans une lettre adressée au chef de l’Etat, le père du gendre de Donald Trump, Jared Kushner, par ailleurs fervent soutien de l’Etat hébreu, avait exprimé «sa profonde inquiétude face à la flambée de l’antisémitisme en France et à l’absence d’action suffisante de [son] gouvernement pour le combattre».