Alors que la libération des 33 otages, figurant dans l’accord de trêve conclu entre le Hamas et Israël, devait se dérouler au compte-goutte le samedi pendant six semaines, le mouvement palestinien a remis, jeudi 30 janvier, huit otages à la Croix-Rouge, dont certains ne figuraient pas, initialement, sur la liste.
L’Etat hébreu a annoncé dans la soirée de ce mercredi qu’il allait libérer jeudi 110 prisonniers palestiniens, a annoncé mercredi une ONG palestinienne. Le Club des prisonniers palestiniens a précisé dans un communiqué que 32 d’entre eux ont été condamnés à la perpétuité, 48 purgent des peines variées et 30 sont des mineurs.
«Négociations intensives»
Deux premiers noms avaient été révélés dans un premier temps : celui des deux femmes, Arbel Yehud, une civile de 29 ans, et Agam Berger, une soldate de 20 ans. En ce qui concerne le troisième otage israélien libéré, il s’agit de Gadi Mozes, 80 ans, avaient annoncé les médias israéliens, qui se fondaient sur la liste du Hamas reçue par le gouvernement mercredi 29 janvier. La libération à venir de trois otages israéliens avait été annoncée par le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, dans la nuit de dimanche à lundi, évoquant des «négociations intensives et déterminées» dans le cadre de l’accord de trêve avec le Hamas.
Contre toute attente, les noms de cinq autres otages sont sortis des geôles du Hamas. «Israël se prépare à la libération de cinq otages thaïlandais, en plus des Israéliens», annonçait ainsi la chaîne publique israélienne Kan 11, contrairement à ce qu’annonçait la liste initiale des 33 otages libérables au cours des six semaines de trêve.
Le résultat d’un déblocage des négociations, obtenu plus tôt dans la semaine par le gouvernement hébreu. Ce dernier avait fait pression sur le Hamas, qui n’avait pas libéré Arbel Yehud samedi dernier comme prévu lors du deuxième échange d’otages – sa détention par le Jihad islamique ayant retardé sa remise en liberté.
Cet échange est le troisième de ce type depuis l’entrée en vigueur de la trêve dimanche 19 janvier. Trois otages israéliennes et 90 prisonniers palestiniens détenus en Israël avaient été relâchés ce jour-là, suivis de quatre femmes la semaine d’après, toutes soldates de l’armée israélienne, en échange de 200 Palestiniens.
Cette libération précoce ne change pas le déroulé du calendrier initial : trois otages seront bien libérés samedi 1er février, portant à onze le nombre de personnes détenues par le Hamas relâchées cette semaine. D’après Ynet, ces trois otages seraient des hommes – une information confirmée par l’Etat hébreu. En parallèle, le Hamas a révélé que huit otages figurant sur la liste des 33 sont morts. Une information confirmée par le gouvernement israélien, qui n’a pas révélé les noms des personnes concernées.
Arbel Yehud, 29 ans
Son cas avait cristallisé les tensions samedi 25 janvier. Kidnappée le 7 octobre 2023, cette otage civile âgée de 29 ans résidait au kibboutz Nir Oz avec son partenaire, Ariel Cunio, âgé de 26 ans, également otage du Hamas. Selon le Collectif du 7-Octobre, Arbel Yehud «appartient à la troisième génération de sa famille à vivre au kibboutz Nir Oz». Le 12 décembre dernier, l’ambassade d’Israël en France avait partagé un profil de la jeune femme sur son compte X. Passionnée d’équitation et de skateboard, elle a notamment travaillé comme guide pour les visiteurs de Groovetech, un institut consacré à la technologie et à l’espace, proche de Nir Oz où elle a grandi.
Au moment de son enlèvement, elle revenait d’un long séjour en Amérique du Sud avec son compagnon, avec lequel elle était en couple depuis cinq ans. Sa famille élargie est celle qui a compté le plus d’otages, huit parmi lesquelles trois enfants de 3 à 5 ans.
Agam Berger, 20 ans
Elle était la dernière otage militaire féminine. La très jeune femme venait de commencer son service, la veille du 7 Octobre, comme «guetteuse» sur la base de Nahal Oz, près de la frontière gazaouie, lorsqu’elle est enlevée par le Hamas avec six autres soldates. Cinq ont pu être libérées depuis. Noa Marciano, 19 ans, a, elle, été retrouvée morte en novembre 2023. C’est également à ce moment-là, lors de la libération des premiers otages israéliens, qu’un signe de vie d’Agam Berger refait surface. Lors d’un appel avec Agam Goldstein-Almog, ancienne otage du Hamas, la famille Berger avait appris que sa fille, juive pratiquante, avait respecté les obligations du shabbat pendant sa détention, refusant le samedi de faire la cuisine et le ménage pour ses geôliers. L’ex-captive rapportait qu’Agam Berger était source de réconfort pour les autres otages et qu’elle avait tressé les cheveux de toutes ses codétenues.
Dans la vie de tous les jours, Agam Berger est une grande joueuse de violon. Elle possède une sœur jumelle, également membre de Tsahal. Dès qu’Agam sera libérée, sa cousine Ashley Waxman Bakshi a prévenu sur France Info qu’elle comptait bien l’emmener parcourir le monde. Elle affirme qu’elles ont toutes deux une passion pour le maquillage, et qu’elle en a «un plein coffre de voiture à lui offrir».
Gadi Mozes, 80 ans
Il est l’un des plus vieux otages détenus par le Hamas. Gadi Mozes avait fait preuve d’un courage incommensurable le 7 Octobre, en tentant de négocier avec le Hamas pour la survie de sa famille. Il avait été aperçu pour la dernière fois proche de son domicile, dans le kibboutz Nir Oz, alors que les terroristes essayaient de lui extorquer de l’argent et les clés de sa voiture. Il a finalement été enlevé par le mouvement islamiste, avec sa fille, Doron Katz Asher, et ses deux petites-filles, Raz et Aviv Asher, toutes trois libérées le 24 novembre 2023 lors de la première trêve. Sa femme, Efrat Katz, a été retrouvée morte quelques jours plus tard.
Au cours de sa captivité, en décembre 2023, Gadi Mozes est apparu dans une vidéo publiée par le Jihad islamique, le mouvement armé allié du Hamas, aux côtés d’Elad Katzir. Ce dernier a été retrouvé mort en avril 2024 par l’armée israélienne.
Watchara Sriaoun, 32 ans
A quelques heures de la libération des cinq otages thaïlandais, sur les six restants toujours détenus par le Hamas, la mère de Watchara Sriaoun s’est dite très «nerveuse». «J’espère qu’il y aura mon fils», a-t-elle confié par téléphone à l’AFP. Originaire de la province rurale et pauvre d’Udon Thani, dans le nord-est de la Thaïlande, Watchara a quitté son pays natal il y a trois ans pour aller travailler, comme beaucoup d’autres, comme ouvrier agricole en Israël, où les salaires sont plus élevés. Il a été enlevé le 7 Octobre alors qu’il œuvrait au kibboutz de Nir Oz, aux côtés de Sathian Suwannakham et Pinta Nattapong.
Sathian Suwannakham, 34 ans
Comme Watchara, Sathian espérait une vie meilleure en allant devenant ouvrier agricole en Israël. Lors du massacre perpétré dans le kibboutz Nir Oz, pour lequel il travaillait, onze travailleurs thaïlandais ont été tués, cinq autres enlevés. Deux d’entre eux ont été libérés, mais trois sont toujours retenus en otage : Watchara, Sathian et Pinta. «Nous respectons l’énorme sacrifice que font nos employés thaïlandais, loin de leur famille, pour gagner leur vie et soutenir les communautés de leur pays. Nous regrettons profondément qu’ils aient partagé notre sort ce jour-là», avait écrit Osnat Peri, présidente de Nir Oz, dans une lettre envoyée au Premier ministre thaïlandais. D’après le média israélien Ynet, Sathian a été gravement blessé lors de son enlèvement. Sa mère aurait appris la nouvelle en tombant sur une vidéo sur Facebook.
Bannawat Saethao, 27 ans
Bannawat Saethao, 27 ans. Il existe peu d’informations circulant dans les médias israéliens et anglophones sur Bannawat, mis à part son jeune âge. Le jeune homme fait partie de la forte diaspora thaïlandaise en Israël : selon le ministère thaïlandais du Travail, 30 000 Thaïlandais travaillaient dans l’État hébreu avant le 7 Octobre, principalement dans le secteur agricole.
Pongsak Thaenna, 36 ans
Cet ouvrier travaillait dans la communauté agricole de Yesha, dans le désert du Néguev près de la frontière gazaouie. L’argent gagné dans les champs de tomates lui permettait de payer la scolarité de sa fille de 14 ans. Après le massacre perpétré par le Hamas le 7 Octobre, et alors que de nombreux Thaïlandais ont été abattus et d’autres portés disparus, son père, Wilart Thaenna, 65 ans, a parcouru des kilomètres à moto en Thaïlande, près de la frontière cambodgienne, à la recherche de toute personne ayant un parent en Israël qui pourrait l’aider à retrouver son fils. Officiellement considéré comme l’un des six derniers otages thaïlandais vivants, Pongsak Thaenna n’a plus jamais donné de signe de vie.
Surasak Rumnao, 30 ans, thaïlandais
Comme ses compatriotes captifs, Surasak était un ouvrier agricole, travaillant dans le sud d’Israël, lorsqu’il a été enlevé par le Hamas le 8 Octobre. Sa mère, dans une interview accordée à Channel News Asia, avait raconté avoir demandé aux amis de son fils, qui avaient survécu au massacre, s’ils savaient où il était, lorsque sa captivité entre les mains du mouvement islamiste n’était pas encore certaine. Elle avait ensuite posté une photo de son fils sur les réseaux sociaux. Quelqu’un l’avait reconnu et avait affirmé que Surasak avait été enlevé, avec son employeur et trois autres personnes, par le Hamas. «J’ai encore de l’espoir», avait-elle affirmé lorsque deux des captifs enlevés avec Surasak avaient été libérés en novembre 2023.
Mis à jour mercredi 29 janvier à 17 h 15 avec la libération annoncée de Gadi Mozes et de cinq ressortissants thaïlandais, à 21 h 07 avec l’annonce de la libération de 110 prisonniers palestiniens, à 12 h 40 le 30 janvier après la libération effective des otages et l’identité des cinq Thaïlandais.