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Attaque du 7 octobre, opération militaire contre la bande de Gaza, risque d’extension du conflit : retour sur un mois de guerre entre le Hamas et Israël

Guerre au Proche-Orientdossier
Après le carnage perpétré par le Hamas, la riposte de l’armée israélienne s’est intensifiée peu à peu. Si l’Etat hébreu n’a pas annoncé de grande offensive terrestre, ses forces opèrent désormais massivement dans l’enclave. Et pendant que les appels à une trêve humanitaire restent vains, la région menace toujours de s’embraser.
Un panache de fumée s'élevait au-dessus de la bande de Gaza à la suite d'un bombardement israélien, le 31 octobre. (Fadel Senna/AFP)
publié le 7 novembre 2023 à 8h55

Le 7 octobre, le Hamas déclenchait une attaque d’une ampleur inédite contre Israël. En plus de tous les articles de Libération que vous pouvez retrouver en cliquant ici, voici les principaux faits de ce mois de guerre entre le mouvement islamiste et l’armée israélienne.

Carnage par des assaillants du Hamas

Le 7 octobre à l’aube, en plein shabbat et pendant la fête juive de Simhat Torah, ainsi que cinquante ans après le début de la guerre du Kippour, un déluge de roquettes s’abat sur Israël depuis Gaza. Des centaines de combattants du Hamas s’infiltrent par la mer, la terre et les airs, prenant les soldats israéliens par surprise. Ils sèment la terreur dans les petites villes de Sderot et Ofakim ainsi qu’aux abords d’Ashkelon, massacrant hommes, femmes, enfants et personnes âgées. Plus de 1 400 personnes sont tuées, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou mutilés à mort, dont 270 festivaliers d’une rave party, selon les autorités israéliennes. De même source, plus de 240 personnes, dont des étrangers, ont été prises en otage et emmenées à Gaza. Une «sauvagerie jamais vue depuis la Shoah», dira le 11 novembre le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui promet d’«anéantir» le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.

Représailles israéliennes

L’armée israélienne riposte par des bombardements massifs et des combats au sol, reprenant le contrôle de la ligne de démarcation avec Gaza, le 10. La veille, Israël annonce un «siège complet» de la bande de Gaza. Les livraisons d’électricité et de nourriture sont suspendues, l’approvisionnement en eau interrompu. Le 13, Israël appelle les habitants de la ville de Gaza à évacuer vers le sud. Des centaines de milliers de Palestiniens fuient. La Ligue arabe voit dans ce «transfert forcé» un «crime qui dépasse l’entendement».

Violences meurtrières à la frontière avec le Liban

Des tirs meurtriers ont lieu le long de la frontière israélo-libanaise entre Israël et le Hezbollah, mouvement chiite allié du Hamas et soutenu par l’Iran. Le 13 octobre, un journaliste de Reuters est tué et six autres journalistes de l’AFP, Reuters et Al-Jazeera sont blessés dans une frappe. Beyrouth accuse Israël. Dans une enquête publiée le 29 octobre, l’ONG Reporters sans frontières (RSF), sans mettre catégoriquement en cause l’armée israélienne, dénonce une attaque «ciblée».

Frappe sur un hôpital à Gaza

Le 17 octobre, une frappe touche l’hôpital Al-Ahli Arabi de Gaza. Rapidement, le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans l’enclave, fait état d’au moins 471 morts. Des chiffres invérifiables. Le renseignement américain estimera ensuite qu’il y a entre «100 et 300» morts. Le Hamas et le Jihad islamique accusent Israël, qui dément, affirmant avoir des «preuves» qu’il s’agit d’un tir manqué du Jihad islamique. Le 18, des milliers de personnes manifestent leur colère à travers le monde arabe. De nombreuses questions demeurent en suspens sur ce drame.

Cinq otages libérées

Les 20 et 22, quatre otages sont relâchées par le Hamas et, le 30, Israël annonce avoir libéré une militaire, lors d’une opération terrestre. Le 28, le Hamas se dit prêt à libérer tous les otages en échange de tous les Palestiniens – plusieurs milliers – détenus par Israël.

Premier convoi d’aide

Un premier convoi d’aide alimentaire et médicale entre à Gaza le 21 par le terminal de Rafah (sud), à la frontière avec l’Egypte. Au 4 novembre, plus de 450 camions étaient entrés.

Chars à Gaza

A partir du 21 octobre, l’armée israélienne intensifie ses raids aériens. Le 22, l’Iran, soutien du Hamas, avertit que la situation risque de devenir «incontrôlable» au Moyen-Orient. Le 26, Israël mène un raid ciblé avec des chars dans la bande de Gaza. A partir du 27 au soir, l’armée lance des opérations terrestres dans la bande de Gaza, de plus en plus profondes.

«Violations du droit humanitaire»

Le 27, l’Assemblée générale de l’ONU réclame une «trêve humanitaire immédiate», alors qu’au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer selon les Nations unies. Trois jours auparavant, le secrétaire général António Guterres avait dénoncé de «claires violations du droit international humanitaire à Gaza». «Empêcher l’acheminement de l’aide [humanitaire] peut constituer un crime», souligne le 29 le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan.

«Deuxième étape de la guerre»

Le 29, Nétanyahou annonce une «deuxième étape» de la guerre pour «détruire les capacités militaires» du Hamas et récupérer les otages. Il exclut tout cessez-le-feu. Le 31, l’armée israélienne fait état de «combats féroces» dans les ruines de Gaza contre les hommes du Hamas.

Evacuations vers l’Egypte

A partir du 1er novembre, des dizaines de blessés palestiniens et plusieurs centaines d’étrangers et binationaux commencent à être évacués de Gaza vers l’Egypte via le poste-frontière de Rafah. L’Egypte dit qu’elle va aider l’évacuation d’«environ 7 000» étrangers et binationaux, sans fournir de calendrier précis.

Camps de réfugiés bombardés

Entre le 31 octobre et le 2 novembre, l’armée israélienne bombarde trois fois le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. Quatre écoles de l’ONU sont touchées par des frappes meurtrières le 2 novembre, une cinquième deux jours plus tard. Le 4, plus de 30 personnes sont tuées et une centaine d’autres blessées dans un bombardement israélien contre le camp de réfugiés de Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, d’après le ministère de la Santé sous la coupe du Hamas.

Selon la même source, environ 10 000 personnes, en majorité des civils, ont été tuées depuis le 7 octobre dans la bande de Gaza. Des experts de l’ONU évoquent «un grave risque de génocide» du peuple palestinien.

Gaza : ville encerclée

Après quasiment une semaine de combats au sol, l’armée israélienne annonce le 2 novembre avoir «achevé l’encerclement de la ville de Gaza». Israël commence le 3 à renvoyer vers Gaza des milliers de travailleurs palestiniens.

A Tel-Aviv, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, réaffirme «le droit mais aussi l’obligation de se défendre» d’Israël, tout en demandant des «pauses humanitaires», idée rejetée par Israël. «La meilleure voie» est la création d’un Etat palestinien, dit aussi le chef de la diplomatie américaine, en appelant à «faire plus» pour protéger les civils.

Le Hezbollah menace

Dans son premier discours depuis le début du conflit, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, affirme le 3 novembre que «toutes les options» sont ouvertes concernant un élargissement de la guerre avec Israël sur le front libanais.

La bande de Gaza coupée en deux

L’offensive terrestre de l’armée israélienne semble avoir atteint un nouveau cap le 5 novembre, un porte-parole de Tsahal affirmant que l’enclave palestinienne est désormais coupée en deux par les troupes de l’Etat hébreu : «Gaza sud et Gaza nord.» S’y ajoutent des «frappes significatives», notamment autour de plusieurs hôpitaux dans le nord de la bande de Gaza. L’armée israélienne accuse le Hamas de se cacher dans des tunnels sous les établissements de soin. En outre, les télécommunications sont à nouveau coupées dans le territoire.

Dans le même temps, les chefs des principales agences de l’ONU ont publié un rare communiqué commun pour réclamer un «cessez-le-feu humanitaire immédiat». En vain, pour le moment.

Vers une possible occupation de l’enclave ?

Dans un entretien télévisé avec la chaîne américaine ABC News lundi 6 novembre, le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annoncé sa volonté qu’Israël prenne «pour une durée indéterminée, la responsabilité générale de la sécurité» de la bande de Gaza après la guerre. Car «lorsque nous n’avons pas cette responsabilité en matière de sécurité, nous assistons à l’éruption de la terreur du Hamas», a-t-il argumenté.

Auparavant, Oussama Hamdane, un haut responsable du mouvement islamiste palestinien au Liban, avait affirmé que le Hamas resterait à Gaza et n’accepterait pas «un gouvernement de Vichy» dans ce territoire qu’il contrôle depuis 2007, en référence au régime collaborationniste français sous l’occupation nazie lors de la Seconde Guerre mondiale. Après la deuxième Intifada, Israël s’était officiellement retiré de la bande de Gaza en 2005.