Des conséquences directes aux frappes de la nuit. Après les multiples attaques israéliennes sur le sol iranien, visant notamment les installations nucléaires et les usines de missiles balistiques du pays, l’espace aérien de la région s’en trouve perturbé, alors que l’Iran a promis une riposte sans «aucune limite».
La république islamique comme l’Etat hébreu ont ainsi décidé de fermer ce vendredi leur espace aérien jusqu’à nouvel ordre. Avant même d’avoir intercepté «environ 100 drones» iraniens de représailles vendredi matin, le ministère des Transports israélien avait confirmé, dans la nuit, cette fermeture. Les autorités aéroportuaires ont demandé aux voyageurs de ne pas venir à l’aéroport Ben Gourion - principal aéroport international du pays - et les unités de défense aérienne israéliennes sont en état d’alerte maximale.
Espace aérien fermé dans les pays limitrophes
Dans les pays voisins, la situation est tout aussi critique. L’armée jordanienne a déclaré ce vendredi avoir intercepté des drones et des missiles ayant violé son espace aérien. «Des avions de la Royal Air Force et des systèmes de défense aérienne ont intercepté vendredi matin un certain nombre de missiles et de drones qui ont pénétré dans l’espace aérien jordanien», a déclaré l’armée dans un communiqué. Plus tôt, des sirènes avaient retenti dans Amman, la capitale, et le gouvernement, qui a fermé son espace aérien, a appelé les habitants à ne pas sortir de chez eux. «La Jordanie n’a pas permis, et ne permettra pas, la moindre violation de son espace aérien», a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement, Mohammad Momani, réaffirmant que «le royaume ne sera pas un champ de bataille pour quelque conflit que ce soit».
L’Irak, qui avait tout juste inauguré début juin la réouverture de l’un de ses aéroports détruit par l’Etat islamique à Mossoul dans le nord Ouest du pays, a aussi annoncé fermer son espace aérien. L’est de l’Irak, près de la frontière avec l’Iran, abrite l’un des couloirs aériens les plus fréquentés au monde, avec des dizaines de vols entre l’Europe et le Golfe, et de nombreux vols entre l’Asie et l’Europe.
Suspension des vols dans les pays du Golfe
Les compagnies aériennes israéliennes El Al, Israir et Arkia ont déclaré vendredi qu’elles déplaçaient leurs avions hors du pays. Selon l’agence de presse Reuters, les avions ont été transportés sans passagers, a déclaré un porte-parole de l’aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, qui a fermé ses portes vendredi jusqu’à nouvel ordre. Israir a déclaré qu’elle évacuait et déplaçait ses avions de l’aéroport – sans préciser où –, ajoutant que cela faisait partie d’un plan d’urgence élaboré au cours des derniers jours.
D’autres compagnies aériennes dans le Golfe ont annulé plusieurs vols en provenance et à destination de l’Irak, la Jordanie, le Liban, l’Iran et la Syrie. Emirates, la plus grande compagnie aérienne au Moyen-Orient basée à Dubaï, a annoncé ce vendredi l’annulation de ses vols en provenance et vers l’Irak, la Jordanie, le Liban et l’Iran. Sur le site internet du transporteur aérien, plusieurs vols prévus pour vendredi, et un vol prévu samedi pour Téhéran, sont affichés comme annulés.
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Qatar Airways, compagnie étatique et autre gros transporteur régional, a également assuré avoir «annulé temporairement ses vols vers l’Iran et l’Irak en raison de la situation actuelle dans la région». L’aéroport d’Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, a mis en garde contre «des perturbations de vol» attendues «tout au long de la journée». Et même cas de figure dans les aéroports internationaux de Dubaï, qui font part d’«annulations ou reports en raison des fermetures des espaces aériens en Iran, en Irak et en Syrie», d’après un communiqué posté sur X.
Des compagnies aériennes du monde entier impactées
Pour les compagnies internationales en dehors du Moyen-Orient, Air France a annoncé ce vendredi la suspension de ses vols entre Paris et Tel Aviv «jusqu’à nouvel ordre» avant de préciser que les clients concernés peuvent changer leurs billets sans frais. La compagnie aérienne néerlandaise KLM a, elle, annulé tous ses vols vers Tel-Aviv jusqu’au 1er juillet au moins. L’Allemand Lufthansa a de son côté annoncé que ses vols vers Téhéran étaient suspendus jusqu’à nouvel ordre et qu’elle éviterait pour le moment les espaces aériens iraniens, irakien et israélien.
AJet, filiale de Turkish Airlines, a annulé ses vols vers l’Iran, l’Irak et la Jordanie jusqu’à lundi matin. La compagnie aérienne russe Aeroflot a aussi annulé des vols entre Moscou et Téhéran et modifié d’autres itinéraires au Moyen-Orient. Et Air India, qui survole l’Iran pour ses vols en Europe et en Amérique du Nord, a assuré que plusieurs vols étaient déroutés ou renvoyés à leur point d’origine, notamment en provenance de New York, Vancouver, Chicago et Londres.
Vols détournés
«Le trafic est désormais détourné soit vers le sud via l’Égypte et l’Arabie saoudite, soit vers le nord via la Turquie, l’Azerbaïdjan et le Turkménistan», selon Safe Airspace, un site web géré par OPSGROUP, une organisation associative qui partage des informations sur les risques liés aux vols. Les vols de six compagnies aériennes, dont Etihad Airways et Turkish Airlines, ont été détournés vers Bakou, en Azerbaïdjan, selon son aéroport international Heydar Aliyev.
L’année dernière, selon les données d’Eurocontrol, l’espace aérien du Moyen-Orient a été traversé quotidiennement par 1 400 vols à destination et en provenance de l’Europe.