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Interview

Attentat de Moscou : «Tant que la menace ne se rapproche pas de l’Occident, on ne s’en soucie guère»

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Attentat de Moscoudossier
En menant une attaque dans la capitale russe, la branche afghane de l’Etat islamique, en lutte avec les talibans, confirme sa volonté de frapper partout où elle le peut, analyse la chercheuse Carole André-Dessornes.
Une photo extraite d'une vidéo diffusée dimanche 24 mars par le comité d'investigation russe montrant un suspect de l'attentat du 22 mars arrêté par les forces russes. (HANDOUT/AFP)
publié le 24 mars 2024 à 19h28

Un véritable carnage. L’attaque menée vendredi soir contre une salle de concert près de Moscou a fait au moins 137 morts, selon un bilan officiel dimanche en fin d’après-midi. C’est l’attentat le plus meurtrier en Russie depuis une vingtaine d’années et le plus sanglant revendiqué par l’Etat islamique (l’EI ou Daech) en Europe. Si le groupe jihadiste n’a pas précisé quelle branche de l’organisation était responsable, tous les regards se tournent vers la filière afghane de Daech, l’Etat islamique au Khorasan (EI-K). En lutte avec les talibans et Al-Qaeda depuis sa formation en 2014, l’EI-K multiplie, depuis deux ans les opérations à l’étranger, explique Carole André-Dessornes, chercheuse associée à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste du terrorisme et des rapports de force et violences au Moyen-Orient.

Quand et dans quel contexte est née cette filiale afghane de l’Etat islamique ?

L’EI-K a émergé très rapidement après la proclamation du califat de l’Etat islamique par Abou Bakr al-Baghdadi, le 29 juin 2014. Quelques jours plus tard, plusieurs figures locales annoncent leur allégeance à l’EI en Afghanistan, où Al-Baghdadi envoie, par la suite, en outre des militants depuis la Syrie et l’Irak. A l’époque, personne ou presque n’y prête attention, car tout le monde est focalisé sur l’instauration du fameux califat.