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Libération
Conflit

Attentat en Turquie : Ankara riposte avec des frappes aériennes contre le PKK en Irak

Le bombardement de secteurs autonomes du Kurdistan irakien vient en réponse à l’attentat revendiqué par l’organisation kurde dans la capitale turque et qui a fait deux blessés.
Les forces de sécurité turques bouclent une zone après une explosion à Ankara, dimanche 1er octobre 2023. (Ali Unal/AP)
publié le 2 octobre 2023 à 7h59

Représailles. La Turquie a mis en garde dimanche les «terroristes» et mené des frappes aériennes contre le PKK au Kurdistan irakien, quelques heures après un attentat suicide de l’organisation, qui a fait deux blessés au cœur de la capitale, Ankara. Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré comme «organisation terroriste» par Ankara et ses alliés occidentaux dont l’UE, a revendiqué l’attaque auprès de l’agence de presse ANF qui lui est proche.

Les frappes turques ont visé dimanche soir plusieurs secteurs du Kurdistan autonome dans le nord de l’Irak, a indiqué à l’AFP un responsable local, Ankara confirmant avoir visé «20 cibles» utilisées par des combattants kurdes turcs du PKK. «Les avions de l’armée turque ont bombardé des secteurs… de la région de Bradost aux environs de 21h20, tout comme ils ont bombardé le village de Badran», a précisé à l’AFP Ihsan Chelabi, maire de la localité de Sidakan, située non loin des frontières avec la Turquie et l’Iran. Dans un communiqué, le ministère turc de la Défense a reconnu une «opération aérienne» dans le nord de l’Irak pour «neutraliser le PKK». Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait prévenu un peu plus tôt que «les scélérats qui menacent la paix et la sécurité des citoyens n’ont pas atteint leurs objectifs et ne les atteindront jamais».

L’attaque suicide qui a précédé cette opération aérienne a visé le siège de la police qui se situe dans la même enceinte que le ministère de l’Intérieur, et qui se trouve à proximité du Parlement. C’est la première attaque dont le PKK revendique la responsabilité depuis septembre 2022 où il avait tué un policier.

Un discours hostile à l’Europe

Le PKK est au cœur de la controverse entre la Turquie et la Suède, à propos de l’entrée de cette dernière dans l’Otan que le Parlement turc, qui reprenait dimanche ses travaux, est supposé valider après dix-sept mois d’attente. Depuis mai 2022, la Turquie traîne des pieds pour confirmer l’entrée de ce pays scandinave en arguant de sa clémence envers les «terroristes» et les mouvements kurdes.

Erdogan maintient une position ambiguë en faisant valoir que le Parlement est souverain et que lui seul peut décider, ou non, de lever ce veto. Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, a rapidement assuré que son pays «confirme une fois de plus son engagement en faveur d’une coopération à long terme avec la Turquie dans la lutte contre le terrorisme». De nombreux responsables étrangers ont également apporté leur soutien à la Turquie, exprimant leur «solidarité» et condamnant l’attaque, à commencer par l’Union européenne : Charles Michel, le président du Conseil européen, s’est dit «choqué».

La Turquie épinglée par la Cour européenne des droits de l’homme

Le chef de l’Etat turc, qui s’adressait aux députés pour leur séance inaugurale, s’en est par ailleurs pris à l’Europe. «La Turquie n’attend plus rien de l’Union européenne qui nous fait patienter à sa porte depuis quarante ans», a-t-il affirmé devant la séance inaugurale du Parlement. «Nous avons tenu toutes les promesses que nous avons faites à l’UE mais eux, ils n’ont tenu presque aucune des leurs», a-t-il dénoncé en ajoutant qu’il ne «tolérera pas de nouvelles exigences ou conditions au processus d’adhésion» de la Turquie. «S’ils ont l’intention de mettre fin au processus d’adhésion qui n’existe que sur le papier, c’est leur décision

La colère du Président découle d’un récent arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme qui a épinglé cette semaine la Turquie pour avoir condamné un homme pour terrorisme, sur la seule base de son utilisation de l’application de messagerie cryptée ByLock.