«Ce ne sont plus seulement nous et nos proches, c’est aussi notre héritage et notre histoire qui est en péril.» Hussein Jamal, habitant de Baalbeck de 37 ans, est en état de choc. Sonné, ce pharmacien dont la famille est installée depuis des générations tout près de la ville antique à la renommée planétaire, peine à trouver ses mots. «Je ne comprends pas, malgré tous les bombardements qui s’abattent sur nous depuis plus d’un mois, je n’aurais jamais pensé que les Israéliens oseraient faire ça. Ils tuent notre mémoire», poursuit-il, des trémolos dans la voix et des larmes plein les yeux.
Autour de lui, plusieurs dizaines de personnes scrutent en silence un panorama édifiant : la veille, mercredi 6 novembre, alors que le jour déclinait lentement sur la plaine de la Bekaa – située sur le flanc est du pays –, un missile israélien s’écrasait sur un des parkings du site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Depuis, le quartier est prisonnier d’un déluge de poussière et de gravats, donnant à la «cité du soleil» un bien triste visage monochrome.
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Le Dr Saad est également venu constater cette scène de désolation. «Nous étions chez nous, à une centaine de mètres d’ici, quand une déflagration apocalyptique a fait trembler les murs. C’est un double choc, car à celui provoqué par l’explosion, il faut ajouter un point de rupture sur le plan psychologique. Il n’y a ni armes ni combattants, c’est un sanctuaire de paix et de beauté. Cela dépasse l’entendement, c’est le trés