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Libération
Guerre et paix

Au Yémen, une victoire en demi-teinte pour Donald Trump avant sa tournée au Moyen-Orient

Quelques jours avant d’entamer une visite de trois jours au Moyen-Orient, le président américain a annoncé ce mardi 6 mai un accord de cessez-le-feu avec les rebelles houthis du Yémen. Mais celui-ci ne concerne pas les échanges de frappes entre les insurgés et Israël.
Donald Trump dans le Bureau ovale, le 7 mai 2025. (Mark Schiefelbein/AP)
publié le 7 mai 2025 à 20h25

Donald Trump y voyait sans doute son premier succès diplomatique d’envergure. Le président américain, qui se rêve en faiseur de paix et en homme de «deals» sur le plan international, a annoncé un accord de cessez-le-feu avec les rebelles houthis du Yémen, lesquels ont revendiqué, depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, des dizaines de frappes contre Israël et contre des navires qu’ils estiment liés à Israël, en mer Rouge. «Ils ne veulent tout simplement plus se battre. Et nous allons honorer cela. Nous arrêterons les bombardements et ils ont capitulé», s’est avancé Donald Trump mardi 6 mai au soir, au détour de sa rencontre à Washington avec le nouveau Premier ministre canadien, Mark Carney. «Le monde est plus sûr avec le président Trump aux commandes», a renchéri la porte-parole de l’exécutif, Karoline Leavitt, revendiquant une «victoire massive».

Visiblement pris de court par la déclaration de leur chef, les services de la Maison Blanche ont livré peu de détails sur le contenu de l’accord. Les Houthis, en revanche, se sont empressés de faire savoir qu’ils allaient continuer leurs frappes contre Israël, qu’ils présentent comme un acte de soutien aux Palestiniens. «Israël ne fait pas partie de l’accord, qui ne concerne que les navires américains et les autres navires», a déclaré ce mercredi Abdoulmalik Alejri, un responsable des insurgés, quelques heures après des bombardements aériens israéliens contre l’aéroport international de la capitale yéménite, Sanaa. Allié historique de l’Etat hébreu, Washington s’est pour sa part engagé à mettre fin à ses raids contre les positions houthis au Yémen, qui s’étaient intensifiés depuis le retour au pouvoir de Donald Trump.

«Un signal adressé à l’Iran»

Le cessez-le-feu doit entrer en vigueur immédiatement, selon le dirigeant américain. Il intervient alors que les Etats-Unis ont engagé avec Téhéran, principal soutien des Houthis, un cycle de négociations sur le dossier du nucléaire iranien. La République islamique espère obtenir une levée des sanctions économiques qui la visent. «Ce cessez-le-feu est un signal adressé par Trump aux Iraniens, même si les Houthis ont une vraie autonomie de décision dans les actions qu’ils mènent contre Israël, estime Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo). Téhéran, qui a besoin de ces négociations, pourra désormais être amené à faire pression sur les Houthis pour qu’ils respectent l’accord.»

Ce mercredi, l’Iran a salué dans un communiqué «l’arrêt de l’agression américaine» contre le Yémen. Le président des Etats-Unis est attendu mardi 13 mai au Moyen-Orient, où il effectuera sa première tournée diplomatique depuis son investiture. Au programme de sa visite de trois jours, des étapes en Arabie saoudite, aux Emirats arabes unis et au Qatar. Le programme des discussions n’est pas encore clair. Réserve-t-il des surprises ? Enigmatique, l’homme d’affaires président a révélé mardi qu’il ferait «une très grande annonce» avant son départ pour le Golfe. Et de prévenir : «Ce sera l’une des annonces les plus importantes faites depuis des années sur un certain sujet, un sujet très important.»